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PRÉFACE GÉNÉRALE

XLVII. Les mille exemplaires que MM. Baudouin frères faisaient tirer sur les formes du Voltaire imprimé chez M. Didot aîné, avec les notes de MM. Auguis, Clogenson, Daunou, etc., ayant été promptement épuisés, et ces libraires n’ayant pu obtenir la permission de faire un nouveau tirage, ils se décidèrent à faire stéréotyper tout Voltaire dans le format in-8o. On ne parla toujours que de soixante-quinze volumes in-8o ; et l’on fit clicher chez M. Rignoux les ouvrages déjà imprimés chez M. Didot aîné. Mais l’impression se faisait lentement chez M. Didot aîné. L’horizon politique se rembrunissait ; des bruits se répandaient que le gouvernement de Charles X projetait de ne pas laisser imprimer, même en collection, certains ouvrages de Voltaire. Les souscripteurs se plaignirent de la lenteur de l’entreprise ; d’autres, plus clairvoyants, déclarèrent formellement qu’ils ne prétendaient pas payer plus de soixante-quinze volumes, et qu’ils exigeraient pourtant les Œuvres complètes. Les libraires se décidèrent à faire stéréotyper des volumes qui n’avaient point encore été imprimés dans l’édition qui se faisait chez M. Didot l’aîné. On se mit sur-le-champ à la Correspondance ; c’était se priver des notes, additions nombreuses, et autres améliorations que devait contenir la première édition. Il fallut calculer le nombre de volumes, tellement qu’on regagna ce qui avait été perdu sur d’autres ouvrages, et qu’on se contint dans soixante-quinze volumes.

On se borna à prendre pour copie de la Correspondance une des éditions précédentes, où l’on avait conservé les sous-divisions par correspondances particulières. Force fut encore d’employer un petit caractère, et de faire des volumes très-gros.

Le premier tirage des premiers volumes qu’on avait stéréotypés fut appelé seconde édition (Baudouin) ; puis on donna une troisième, une quatrième, une cinquième édition, qui étaient tout au plus un second, troisième, quatrième tirages.

J’en ai dit assez pour faire voir combien ces seconde, troisième, quatrième, cinquième éditions (qui ne sont que la même) en soixante-quinze volumes, sont inférieures à la première, qui en a quatre-vingt-quinze, plus deux volumes de tables.

Tous les ouvrages faits ou à faire sur les mêmes clichés peuvent présenter quelques différences dans le nombre des volumes en en mettant deux en un seul, ou en en mettant un seul en deux ; ils peuvent offrir de légères améliorations, et des corrections purement typographiques importantes, suppléer même dans certains cas à quelques omissions : de sorte que les derniers tirages seront bien préférables aux précédents ; mais il est impossible de remédier à tout. On peut substituer une lettre et même un mot à un autre ; mais on ne peut rétablir des passages omis, quand ils sont longs, et en grand nombre. Comment, dans les clichés de la Correspondance, introduire les lettres en grand nombre qui ont été ajoutées dans la première édition ? M. Léon Thiessé n’a pu faire l’impossible pour le tirage fait après sa révision, quelque soin qu’il y ait apporté. Il y aura toujours une immense distance entre la première édition Baudouin en quatre vingt-quinze volumes (ou quatre-vingt-dix-sept avec la table) et les autres éditions faites sur les clichés en soixante-quinze volumes ou environ.