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LE PAUVRE DIABLE^

OUVRAGE EN VERS AISÉS DE FEU M. VADÉ,

MIS EM LUMIÈRE PAR CATHERINE VADÉ, SA COUSINE.

(17582)

« Quel parti prendre? où suis-jc, et qui dois-je être? Né dépourvu, dans la foule jeté, Germe naissant par le vent emporté, Sur quel terrain puis-je espérer de craître?

1. On nous assure que l'auteur s'amusa à composer cet ouvrage en 1758, pour détourner de la carrière dangereuse des lettres un jeune homme sans fortune, qui prenait pour du génie sa fureur de faire de mauvais vers. Le nombre de ceux qui se perdent par cette passion malheureuse est prodigieux. Ils se rendent incapables d'un travail utile; leur petit orgueil les empêche de prendre un emploi subalterne, mais honnête, qui leur donnerait du pain; ils vivent de rimes et d'espérances, et meurent dans la misère- {Note de Voltaire, 1771.)

2. C'est Voltaire lui-même qui a mis à cette pièce la date de 1758; mais je crois devoir faire remarquer qu'elle n'est que de 1760. C'est en effet à cette date que les éditeurs de Kehl l'ont comprise dans leur table chronologique. Lefranc de Pompignan venait do prononcer, pour sa réception à l'Acadcmie française, un discours au moins déplacé, que Voltaire a immortalisé par les facéties qu'il publia à cette occasion. Ce qui prouve que le Pauvre Diable n'est que de 1760, c'est que: 1° Voltaire en parle pour la première fois dans sa lettre à d'Alembert, du 10 juin 17G0, et pour la seconde dans celle à M. d'Argental, du 27 juin 1760 ; 2" ce fut en 1760 que parut le Pauvre Diable, chant second, misérable rapsodie, sans aucun sel," où Voltaire est traité aussi mal qu'on peut l'être par un écrivain sans esprit; il n'est pas à croire qu'on eût attendu deux ans pour faire cette suite et critique du Pauvre Diable; 3" on sait aujourd'hui que le héros de cette pièce est Siméon Valette, mort le 29 décembre 1801. (Voyez sur ce personnage une notice intéressante, par M. Tourlet, dans le Magasin encyclopédique, année 1811, II, 75.) Or Voltaire ne connut Valette qu'à la fin de 1759, ainsi qu'on le voit par ses lettres à d'Alembert, des 25 auguste et 15 décembre de cette année.

La brochure qui parut en 1760 sous le titre de Réponse au Pauvre Diable ne diffère que par le frontispice, et l'addition du feuillet qui le suit, des Pièces échap- pées du portefeuille de M. de Voltaire, comte de Tournay, 1759, in-12. Il n'y a point eu de réimpression.

J'ai vu un exemplaire in-4 du Pauvre Diable, sur lequel étaient écrits ces mots, de la main de Voltaire : « Meiie Catherine Vadc a Ihonneur de vous envoler cette coyonerie, feu Vadc vous était très attaché. » (B.)

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