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106 LE PAUVRE DIABLE. [m]

« A la Clairon vous le présenterez ; « C'est un trésor: allez, et prospérez. »

« Tout ranimé par son ton didactique, Je cours en hâte au parlement comique, Bureau de vers, où maint auteur pelé Vend mainte scène à maint acteur sifflé. J'entre, je lis d'une voix fausse et grêle Le triste drame écrit pour la Denèle^ Dieu paternel, quels dédains, quel accueil! De quelle œillade altière, impérieuse, La Dumesnil rabattit mon orgueil ! La Dangeville est plaisante et moqueuse : Elle riait; Grandval me regardait D'un air de prince, et Sarrazin dormait ; Et, renvoyé penaud par la cohue, J'allai gronder et pleurer dans la rue.

« De vers, de prose, et de honte étouffé, Je rencontrai Gresset dans un café ; Gresset doué du double privilège- D'être au collège un hel esprit mondain. Et dans le monde un homme de collège ; Gresset dévot: longtemps petit badin, Sanctifié par ses palinodies, Il prétendait avec componction Qu'il avait fait jadis des comédies,

��taire, 1 771.) — Le sujet de Zoraïde est, comme Alzire, la peinture des mœurs améri- caines opposée au portrait des mœurs européennes. Voltaire réclama auprès des Comédiens français; voyez tome II du Théâtre, page 369.

1. Quinault-Denèle était dans ce temps-là une assez bonne comédienne, pour qui principalement Zoraïde avait été faite. Les noms qui suivent sont les noms des comédiens de ce temps-là. {l\ote de Voltaire, 1771.)

2. Gresset, auteur du petit poëme de Ver-Vert, d'autres ouvrages dans ce goût, et de quelques comédies. Il y a des vers très-heureux dans tout ce qu'il a fait. Il était jésuite quand il fit imprimer son Ver-Vert. Le contraste de son état et

des termes de b et f..... qu'on voyait dans ce petit poëme fit un très-grand éclat

dans le monde, et donna à l'auteur une grande réputation. Ce poëme n'était fondé à la vérité que sur des plaisanteries de couvent, mais il promettait beaucoup; l'au- teur fut obligé de sortir des jésuites. Il donna la comédie du Méchant, pièce ua peu froide, mais dans laquelle il y a des scènes extrêmement bien écrites. Revenu depuis à la dévotion, il fit imprimer une Lettre dans laquelle il avertissait le public qu'il ne donnerait plus de comédies, de peur de se damner. Il pouvait cesser de travailler pour le théâtre sans le dire. Si tous ceux qui ne font point de comédies en avertissaient tout le monde, il y aurait trop d'avertissements impri- més. Cet avis au public fut plus sifflé que ne l'aurait été une pièce nouvelle, tant le public est malin. (/(/., 1771.)

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