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PRÉFACE


DE CATHERINE VADÉ


pour les contes de Guillaume Vadé[1].


(1738[2])


Je pleure encore la mort de mon cousin Guillaume Vadé[3], qui décéda, comme le sait tout l’univers, il y a quelques années : il était attaqué de la petite vérole. Je le gardais, et lui disais en pleurant : « Ah ! mon cousin, voilà ce que c’est que de ne pas vous être fait inoculer ! Il en a coûté la vie à votre frère Antoine[4], qui était, comme vous, une des lumières du siècle. — Que voulez-vous que je vous dise ? me répondit Guillaume ; j’attendais la permission de la Sorbonne, et je vois bien qu’il faut que je meure pour avoir été trop scrupuleux. — L’État va faire une furieuse perte, lui répondis-je. — Ah ! s’écria Guillaume, Alexandre et

  1. Sous le nom de Contes de Guillaume Vadé, Voltaire donna, en 1764, un volume in-8o, dans lequel on trouvait les sept premiers contes qui suivent : Ce qui plaît aux dames, l’Éducation d’un prince, l’Éducation d’une fille, les Trois Manières, Thélème et Macare, Azolan, et l’Origine des métiers, et qu’il avait fait précéder de la préface sous le nom de Catherine Vadé.

    Peu après parut une brochure de 24 pages, intitulée le Bijou trop peu payé, et la Brunette anglaise, nouvelles en vers pour servir de supplément aux Œuvres posthumes de Guillaume Vadé ; à Genève, chez les frères Cramer, 1764, in-8o. Le dernier de ces contes a été réimprimé sous le nom de Voltaire à la page 1 de l’Almanach des Muses de 1774. Mais ce conte est de Cazotte.

    Le succès des Contes de Guillaume Vadé suggéra au libraire Duchesne l’idée de publier les Contes de Jean-Joseph Vadé pour servir de tome second à ceux de Guillaume Vadé, mcclxv (au lieu de mdcclxv), in-8o. Ce volume n’est autre que le quatrième tome des Œuvres de Vadé. Il n’y eut point réimpression : le libraire fit les frais d’un frontispice et d’un Avis de l’Éditeur. (B.)

  2. C’est ce millésime qui se trouve dans l’édition originale. Nous croyons que c’est une faute typographique, et qu’il faut lire : 1758, date de la mort de Vadé. (G. A.)
  3. Vadé, auteur de poésies poissardes et de quelques pièces pour les théâtres de la Foire, mort le 4 juillet 1757, s’appelait Jean-Joseph ; il était né en 1720.
  4. Antoine Vadé est, comme Guillaume Vadé, un personnage imaginaire.