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124 LE RUSSE A PARIS.

Rempliront de nos temps les brillantes histoires. Lefranc de Pompignan, par ses divins écrits^ Plus qne Palissot même occupe nos esprits - ;

��1. M. Lefranc de Pompignan, dans un mémoire qu'il dit avoir présenté au roi en 1760, s'exprime ainsi, page 17 : » Il faut que tout l'univers sache que... le roi s'est occupe de mon discours, non comme d'une nouveauté passagère, mais comme d"uno production digne do l'attention particulière des souverains. »

Quel producteur que ce Pompignan! quelle modestie! de quel ton il parle à l'univers! comme l'univers est occupé de lui!

Ce même Lefranc de Pompignan dit, page 10 : « Un homme do ma naissance et de mon état. » La naissance de Lefranc!

Ce même Lefranc de Pompignan dit encore que, pendant qu'il était juge des aides en Quercy, il écrivait de la prose pour l'utilité de ses compatriotes. Voici la prose utile de M. Lefranc de Pompignan. 11 eut la bonté, en 1756, d'écrire au roi, et de lui reprocher le bien que le roi faisait à la nation, en faisant lui-même, à Trianon, l'essai de la méthode de remédier à la carie des blés. Sa Majesté dai- gna faire envoyer la recette dans toutes les provinces : c'est une de ses attentions paternelles pour son peuple; nous l'en bénissons, nos enfants l'en béniront. M. Le- franc de Pompignan semble insulter à sa bienfaisance; il lui dit : « Ces expé- riences ne rendront pas nos champs moins incultes. Le parc de Versailles ne décide pas de l'état de nos campagnes. Vous traitez vos sujets plus impitoyablement que des forçats; on exerce sur eux des vexations horribles : sortez de l'enceinte de votre palais somptueux, vous venez un royaume qui sera bientôt un désert... »

Telle est la prose coulante et agréable du sieur Lefranc de Pompignan. Le roi n'a jamais donné un plus grand exemple de clémence qu'en daignant pardon- ner à ce bourgeois de Quercy un peu trop vif. Est-ce à ce titre qu'on l'a reçu à l'A- cadémie?

Le même Lefranc de Pompignan, auteur du Voyage de Provence, de la Prière du déiste, et de quelques psaumes traduits en vers bien durs, et de plusieurs pièces de théâtre, dont une seule a pu être jouée, nie qu'on lui ait refusé quelque temps les provisions de sa charge en Quercy, pour le punir de la Prière du déiste, parce qu'il fut d'ailleurs suspendu do sa chai-gc en Quercy pour une autre affaire qui arriva dans un bal en Quercy. Nous n'entrerons point dans ces détails; nous nous contenterons d'observer que ce n'est pas sans raison qu'un père de la Doc- trine chrétienne lui a dit :

Pour vivre un peu joyeusement, Croyez-moi, n'offensez personne : C'est un petit avis qu'on donne Au sieur Lefranc de Pompignan.

Il peut sur cet article présenter un mémoire à l'univers. (Note de Voltaire^ 1700.)

— Voici le texte d'un autre passage de Pompignan : «... Donnant tous mes soins, tous les moments de mon loisir à des travaux champêtres, à composer une nom- breuse bibliothèque, à écrire des vers pour mon amusement, et de la prose pour l'utilité de mes compatriotes, je ne me suis jamais mêlé d'aucune querelle littéraire. » (Page 10 du Mémoire présenté au roi.) (B.)

2. Palissot de Montenoi fit jouer par les Comédiens français une comédie inti- tulée les Philosophes, le 2 mai 1760. 11 a eu le malheur, dans cette comédie, d'in- sulter et d'accuser plusieurs personnes d'un mérite supérieur; et il se reprochera sans doute cette faute toute sa vie. On voit, par la lettre qu'il a donnée au public

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