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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/145

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[87] OU ÉTRENNES AUX SOTS. 135

(( Impertinents, je veux qu'on se réforme,

Que le Journal de Trévoux soit meilleur,

Giiyoni moins plat, Moreau- plus fin railleur,

La cour enjoint à Jacque Jiétérodoxe '

De courir moins après le paradoxe ;

Je lui défends de jamais dénigrer

Des arts charmants qui peuvent l'honorer ;

Je veux, j'entends, que, sous mon règne auguste.

Tout hon Français ait l'esprit sage et juste ;

Que nul robin ne soit présomptueux,

Nul moine fier, nul avocat verbeux;

Ouï le rapport, dans mon conseil j'ordonne

Que la raison s'introduise en Sorbonne,

Que tout auteur sache me réjouir.

Ou m'éclairer : car tel est mon plaisir. »

Un tel édit serait plus inutile Que les sermons prêches par La Neuville*. Donc on aurait grande obligation A qui pourrait par exhortation. Par vers heureux, et par douce éloquence, Porter nos gens à moins d'extravagance, Admonéter par nom et par surnom Ces ennemis jurés de la raison. On pourrait dire aux malins molinistes, A leurs rivaux les rudes jansénistes, Aux gens du greffe, aux universités. Aux faux dévots, d'honnêtes vérités. Je les dirai, n'en soyez point en peine;

��1. Guyon, auteur de VOracle des nouveaux philosophes, ouvrage distingué par son ridicule dans la foule des libelles sans nombre publiés avec approbation con- tre le citoyen qui faisait le plus d'honneur à son pays, et un de ceux qui lui ont été le plus utiles. (K.)

2. Moreau, avocat au conseil. Il a beaucoup écrit en faveur des fermiers géné- raux, et contre la philosophie. Il est l'auteur du Catéchisme des cacouacs. Dans ses livres sur l'histoire de France, il s'est permis d'altérer et de déguiser les monu- ments de nos anciennes annales, comme si l'autorité royale avait besoin d'être soutenue par des mensonges : ses livres ont eu le sort qu'ils méritaient, ils ont été méprisés et payés. On a de lui quelques jolis couplets dans le genre flagor- neur. (K.)

3. J.-J. Rousseau.

4. Charles Frey de Neuville, jésuite célèbre alors par des sermons remplis d'antithèses, où l'on rencontre de loin en loin quelques traits heureux; d'ailleurs peu fanatique, et plus homme de lettres que jésuite. (K.)

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