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DIALOGUE

DE PÉGASE ET DU VIEILLARD*

(1774)

��PEGASE.

Que fais-tu dans ces champs, au coin d'une masure?

LE VIEILLARD.

J'exerce un art utile, et je sers la nature ; Je défriche un désert, je sème, et je bâtis-.

PÉGASE.

Que je vois en pitié tes sens appesantis!

Que tes goûts sont changés, et que l'âge te glace!

Ne reconnais-tu plus ton coursier du Parnasse?

Monte-moi.

LE VIEILLARD.

Je ne puis. Notre maître Apollon, Comme moi, dans son temps fut berger et maçon.

��1. Ce dialogue est du mois d'avril 177i. Ou voit, par la lettre à d'Argeutal, du 30 avril, qu'il av:ut déjà été envoyé à Marin. On voit, par les Mémoires secrets, à la date du 2 mai 1774, que déjà il circulait dans Paris. L'édition originale de 2 et 22 pages in- 8" est suivie d'une Lettre i'Ur Nhion de Lenclos.

En imprimant le Dialogue dans le Mercure de mai 1774, on en supprima quelques vers. Voltaire le reproduisit entier à la suite de Don Pèdre; voyez t. VI du Théâtre, page 239.

Dès la première édition, les notes qui y étaient jointes portaient le nom de M. deMorza, si souvent pris par l'auteur : car je ne regarde pas comme première édition les 14 pages in-S", sans aucune note.

On a de Dorât un Dialogue de Pégase et de Clément. Pégase, un peu piqué du ton cavalier dont le traite le vieillard agriculteur, arrive dans le cabinet de Clé- ment; mais après une conversation un peu vive, où il défend et venge Voltaire, il retourne à Ferney demander de l'emploi. (B.)

2. En effet, notre auteur a défriche quelques terrains plus rebelles que ceux des plus mauvaises landes de Bordeaux et de la Champagne pouilleuse, et ils ont pro- duit le plus beau froment; mais ces tentatives très-longues et très-dispendieuses ne peuvent être imitées par des colons. Il faudrait que le gouvernement s'en chargeât, qu'il recommandât ce travail immense à un intendant, l'intendant à un subdélcgué, et qu'on fit venir de la cavalerie sur les lieux. {Note do M. de Morza, 1775.)

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