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DIALOGUE DE PEGASE ET DU VIEILLARD. 201

C'en est trop. Je renonce à tes neuf immortelles : J'ai beaucoup de respect et d'estime pour elles ; Mais tout change, tout s'use, et tout amour prend fin. Va, vole au mont sacré; je reste en mon jardin.

PÉGASE.

Tes dégoûts vont trop loin, tes chagrins sont injustes. Des arts qui t'ont nourri les déesses augustes Ont mis sur ton front chauve un brin de ce laurier Qui coi/îa Chapelain, Desmarets, Saint-Didier \

��Dont Newton le premier, d'une main inspirée. Sépara les couleurs par la réfraction.

Les beaux vers! et que les gens qui les attribuent à M. de Yoltaii-e ont le goût lin, et que leur main est inspirée !

Des vers à une prétendue marquise de T. sur la pbilosopbie de Newton, dans lesquels on trouve cette élégante tirade :

Tout est en mouvement; la terre, suspendue, En atome léger nage dans l'étenduo; L'espace, ou plutôt Dieu dans son immensité Balance sur son poids l'univers agité. Les travaux de la nuit, les phases, sont prédites. Newton des premiers mois retraça les orbites.

Et les éditeurs suisses, qui ont imprimé ces bêtises venues de Paris, ont l'assu- rance d'imprimer en notes que c'est la véritable leçon.

On a fait pourtant un recueil immense de ces fadaises barbares sans consulter jamais l'auteur, ce qui est aussi incroyable que vrai. Tant pis pour les libraires qui ont ainsi déshonoré leur art et la littérature.

C'est sur quoi l'auteur disait : « On fait mon inventaire, quoique je ne sois pas encore mort; et chacun y glisse ses meubles pour les vendre. » (Note de M. de Morza,nU.)

— Quelques-uns des ouvrages que désavoue ici Voltaire sont cependant regardes comme étant de lui.

Voltaire revient sur le désaveu de quelques-unes de ces pièces dans sa Lettre écrite sous le nom de La Visclède et dans sa lettre à d'Argencc de Dirac, du 12 novembre 1704.

C'est dans le tome V des Nouveaux .Mélanges qu'on avait, en 1768, imprimé le dialogue intitulé Péridès, un Grec moderne, un Busse. Ce dialogue, qui est de Suard, fait aussi partie du tome XIll de l'édition in-4" des OEuvres de Voltaire. (B.)

1. M. Clément et M. Sabotier ont imprimé que notre auteur avait pillé le poëme de la Henriade d'un poème intitulé Clovis, par M. Saint-Didier. Cela est encore peu honnête, car ce Clovis ne parut que trois ans après la Henriade; mais une erreur de trois ans est peu de chose.

Il en a échappé une de quinze ans à M. Tabbé Sabotier; car il a imprimé que notre auteur avait pillé son Siècle de Louis XIV dans les Annales politiques de l'abbé de Saint-Pierre; mais le Siècle de Louis XIV fut imprimé pour la première fois en 1752, et le livre de l'abbé de Saint-Pierre en 1707; sur quoi un mauvais plaisant, se souvenant mal h propos que Sabaticr est le fils d'un bon perruquier de Castres, chassé de chez son père, a écrit qu'il aurait dû plutôt faire des perruques pour l'auteur de la Henriade, que de le dépouiller cruellement de ses prétendus

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