Vous cueillez ce laurier durable
Qu’à peine un auteur misérable,
À son dur travail attaché,
Sur le haut du Pinde perché,
Arrache en se donnant au diable.
Vous rendez les amants jaloux ;
Les auteurs vont être en alarmes ;
Car vos vers se sentent des charmes
Que l’Amour a versés sur vous.
Tressan, comment pouvez-vous faire
Pour mettre si facilement
Les neuf pucelles dans Cythère,
Et leur donner votre enjouement ?
Ah ! prêtez-moi votre art charmant,
Prêtez-moi votre main légère.
Mais ce n’est pas petite affaire
De prétendre vous imiter :
Je peux tout au plus vous chanter ;
Mais les dieux vous ont fait pour plaire.
Je vous reconnais à ce ton
Si doux, si tendre, et si facile :
En vain vous cachez votre nom ;
Enfant d’Amour et d’Apollon,
On vous devine à votre style.
ÉPÎTRE XXXV.
Le curé qui vous baptisa
Du beau surnom de Muse et Grâce,
- ↑ Fille d’un conseiller au parlement. Elle était jeune, belle, aimait les plaisirs et faisait des livres. — C’est à elle qu’est encore adressée l’épître L.