En esprit, ainsi qu’en amour,
Le temps ouvre les yeux, et l’on condamne un jour
De ses goûts passagers les premiers sacrifices.
À la moins aimable beauté,
Dans son besoin d’aimer on prodigue son âme,
On prête des appas à l’objet de sa flamme ;
Et c’est ainsi que vous m’avez traité.
Ah ! ne me quittez point, séducteur que vous êtes !
Ma muse a reçu vos serments…
Je sens qu’elle est au rang de ces vieilles coquettes
Qui pensent fixer leurs amants.
ÉPÎTRE LXIII.
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Lorsque, pour tenir la balance,
L’Anglais vide son coffre-fort ;
Lorsque l’Espagnol sans puissance
Croit partout être le plus fort ;
Quand le Français vif et volage
Fait au plus vite un empereur[1] ;
Quand Belle-Isle n’est pas sans peur
Pour l’ouvrier et pour l’ouvrage ;
Quand le Batave un peu tardif,
Rempli d’égards et de scrupule,
Avance un pas et deux recule
Pour se joindre à l’Anglais actif ;
Quand le bonhomme de saint-père
Du haut de sa sainte Sion
- ↑ Charles de Bavière, élu sous le nom de Charles VII.