Nous autres cependant, au bout de l’hémisphère,
Nous, des Welches grossiers postérité légère,
Livrons-nous en riant, dans le sein des loisirs,
À nos frivolités que nous nommons plaisirs ;
Et puisse, en corrigeant trente ans d’extravagances[1],
Monsieur l’abbé Terray rajuster nos finances[2] !
ÉPÎTRE CIX.
ACCORDÉE DANS TOUS SES ÉTATS.
Monarque vertueux, quoique né despotique,
Crois-tu régner sur moi de ton golfe Baltique ?
Suis-je un de tes sujets pour me traiter comme eux,
Pour consoler ma vie, et pour me rendre heureux ?
Peu de rois, comme toi, transgressent les limites
Qu’à leur pouvoir sacré la nature a prescrites :
L’empereur de la Chine, à qui j’écris souvent[4],
Ne m’a pas jusqu’ici fait un seul compliment.
Je suis plus satisfait de l’auguste amazone[5]
Qui du gros Moustapha vient d’ébranler le trône ;
Et Stanislas le Sage[6], et Frédéric le Grand[7]
(Avec qui j’eus jadis un petit différend),
- ↑ L’auteur devait dire depuis cinquante-deux ans : car le système de Law est de cette date. Mais on prétend en France que cinquante-deux ne peut pas entrer dans un vers. (Note de Voltaire, 1771.)
- ↑ C’est ce que nous attendons avec concupiscence. S’il en vient à bout, il sera couvert de gloire, et nous le chanterons, (Id., 1771.)
- ↑ Cette épître est aussi de 1770 ; voyez la lettre à d’Alembert, du 28 décembre 1770.
- ↑ L’épître précédente est la seule que Voltaire ait adressée au roi de la Chine.
- ↑ Catherine II, impératrice de Russie.
- ↑ Le roi de Pologne, Stanislas Poniatowski.
- ↑ Le roi de Prusse.