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Nous autres cependant, au bout de l’hémisphère,
Nous, des Welches grossiers postérité légère,
Livrons-nous en riant, dans le sein des loisirs,
À nos frivolités que nous nommons plaisirs ;
Et puisse, en corrigeant trente ans d’extravagances[1],
Monsieur l’abbé Terray rajuster nos finances[2] !




ÉPÎTRE CIX.


AU ROI DE DANEMARK, CHRISTIAN VII[3].
SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
ACCORDÉE DANS TOUS SES ÉTATS.


Janvier 1771.


Monarque vertueux, quoique né despotique,
Crois-tu régner sur moi de ton golfe Baltique ?
Suis-je un de tes sujets pour me traiter comme eux,
Pour consoler ma vie, et pour me rendre heureux ?
Peu de rois, comme toi, transgressent les limites
Qu’à leur pouvoir sacré la nature a prescrites :
L’empereur de la Chine, à qui j’écris souvent[4],
Ne m’a pas jusqu’ici fait un seul compliment.
Je suis plus satisfait de l’auguste amazone[5]
Qui du gros Moustapha vient d’ébranler le trône ;
Et Stanislas le Sage[6], et Frédéric le Grand[7]
(Avec qui j’eus jadis un petit différend),

  1. L’auteur devait dire depuis cinquante-deux ans : car le système de Law est de cette date. Mais on prétend en France que cinquante-deux ne peut pas entrer dans un vers. (Note de Voltaire, 1771.)
  2. C’est ce que nous attendons avec concupiscence. S’il en vient à bout, il sera couvert de gloire, et nous le chanterons, (Id., 1771.)
  3. Cette épître est aussi de 1770 ; voyez la lettre à d’Alembert, du 28 décembre 1770.
  4. L’épître précédente est la seule que Voltaire ait adressée au roi de la Chine.
  5. Catherine II, impératrice de Russie.
  6. Le roi de Pologne, Stanislas Poniatowski.
  7. Le roi de Prusse.