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TRADUCTIONS.

Ils prouvent leur naissance, et leur course légère
Dans les champs des combats a devancé leur père.
Patrocle impatient sur le char est monté.
Enfin, maître de soi, quoique encore irrité,
À ses Thessaliens Achille se présente.
Sur cinquante vaisseaux aux rivages du Xante
Il les avait conduits pour venger Ménélas :
Trop longtemps en ces lieux il enchaîna leurs bras.
Cinq héros commandaient leur troupe partagée.
Sous le fier Ménestus la première est rangée ;
Ménestus est le fils d’un des dieux ignorés
Qu’aux champs thessaliens le temps a consacrés.
Et qui sut captiver la belle Polydore.
La seconde phalange est sous les lois d’Eudore,
Héros que Polymèle, hélas ! a mis au jour
Quand le flatteur Mercure eut trompé son amour.
Phénix, de qui la Grèce a vanté la prudence,
Qui du fils de Pelée a gouverné l’enfance,
Conduisait aux combats un autre bataillon.
Les derniers ont suivi Pisandre, Alcimédon,
Alcimédon, parent du dangereux Ulysse.
Non loin de ses vaisseaux, dans une vaste lice,
Achille les rassemble, et leur parle en ces mots :
« Assez et trop longtemps mon funeste repos,
Braves Thessaliens, excita vos murmures.
Du fier Agamemnon l’outrage et les injures,
Mes affronts, mes malheurs, ne vous ont point touchés ;
Ma vengeance est un droit que vous me reprochez.
Vous me disiez toujours : Impitoyable Achille,
Jusqu’à quand rendrez-vous la valeur inutile ?
Aux vallons de Tempé renvoyez vos soldats.
Si votre dureté les tient loin des combats,
Si vous leur défendez de servir la patrie.
Eh bien ! vous le voulez ? j’entends la voix qui crie :
Aux armes ! aux assauts ! aux périls ! à la mort !
Vous l’emportez : marchez ; je me rends sans effort.
Marchez avec Patrocle, et laissez votre maître
Dévorer ses chagrins, qu’il combattra peut-être :
Ma main ne peut servir l’indigne roi des rois. »
Ses guerriers cependant se pressent à sa voix ;
Tout obstiné qu’il est, lui-même il les arrange.
En bataillons serrés il unit sa phalange ;