Et tandis que Vulcain travaillait pour la cour,
Mars consolait sa femme en parfait petit-maître,
Par air, par vanité, plutôt que par amour.
« Le mari méprisé, mais très-digne de l’être,
Aux deux amants heureux voulut jouer d’un tour.
D’un fil d’acier poli, non moins fin que solide,
Il façonne un réseau que rien ne peut briser.
Il le porte la nuit au lit de la perfide.
Lasse de ses plaisirs, il la voit reposer
Entre les bras de Mars ; et, d’une main timide,
Il vous tend son lacet sur le couple amoureux ;
Puis, marchant à grands pas, encor qu’il fût boiteux.
Il court vite au Soleil conter son aventure :
« Toi qui vois tout, dit-il, viens, et vois ma parjure.
« Cependant que Phosphore au bord de l’orient
« Au-devant de ton char ne paraît point encore,
« Et qu’en versant des pleurs la diligente Aurore
« Quitte son vieil époux pour son nouvel amant,
« Appelle tous les dieux ; qu’ils contemplent ma honte.
« Qu’ils viennent me venger. » Apollon est malin ;
Il rend avec plaisir ce service à Vulcain.
En petits vers galants sa disgrâce il raconte ;
Il assemble en chantant tout le conseil divin.
Mars se réveille au bruit, aussi bien que sa belle :
Ce dieu très-éhonté ne se dérangea pas ;
Il tint, sans s’étonner, Vénus entre ses bras,
Lui donnant cent baisers qui sont rendus par elle.
Tous les dieux à Vulcain firent leur compliment ;
Le père de Vénus en rit longtemps lui-même.
On vanta du lacet l’admirable instrument,
Et chacun dit : « Bonhomme, attrapez-nous de même. »
Lorsque la belle Alcithoé
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