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CHAPITRE XII.

après quoi il fit massacrer le fils ; il tua un roitelet de Cambrai qui lui montrait ses trésors. Un citoyen moins coupable eût été traîné au supplice, et Clovis fonda une monarchie.

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CHAPITRE XII.


Suite de la décadence de l’ancienne Rome.


Quand les Goths s’emparèrent de Rome après les Hérules ; quand le célèbre Théodoric, non moins puissant que le fut depuis Charlemagne, eut établi le siège de son empire à Ravenne, au commencement de notre vie siècle, sans prendre le titre d’empereur d’Occident qu’il eût pu s’arroger, il exerça sur les Romains précisément la même autorité que les Césars ; conservant le sénat, laissant subsister la liberté de religion, soumettant également aux lois civiles, orthodoxes, ariens et idolâtres ; jugeant les Goths par les lois gothiques, et les Romains par les lois romaines ; présidant par ses commissaires aux élections des évêques ; défendant la simonie, apaisant les schismes. Deux papes se disputaient la chaire épiscopale ; il nomma le pape Symmaque, et ce pape Symmaque étant accusé, il le fit juger par ses Missi dominici.

Athalaric, son petit-fils, régla les élections des papes et de tous les autres métropolitains de ses royaumes, par un édit qui fut observé ; édit rédigé par Cassiodore, son ministre, qui depuis se retira au Mont-Cassin, et embrassa la règle de saint Benoît ; édit auquel le pape Jean II se soumit sans difficulté.

Quand Bélisaire vint en Italie, et qu’il la remit sous le pouvoir impérial, on sait qu’il exila le pape Sylvère, et qu’en cela il ne passa point les bornes de son autorité, s’il passa celles de la justice. Bélisaire, et ensuite Narsès, ayant arraché Rome au joug des Goths, d’autres barbares, Gépides, Francs, Germains, inondèrent l’Italie. Tout l’empire occidental était dévasté et déchiré par des sauvages. Les Lombards établirent leur domination dans toute l’Italie citérieure. Alboin, fondateur de cette nouvelle dynastie, n’était qu’un brigand barbare ; mais bientôt les vainqueurs adoptèrent les mœurs, la politesse, la religion des vaincus. C’est ce qui n’était pas arrivé aux premiers Francs, aux Bourguignons, qui