gent. Les taxes pour les dispenses et pour les péchés furent inventées et rédigées de son temps : le livre de ses taxes a été imprimé plusieurs fois depuis le XVIe siècle, et a mis au jour des infamies plus ridicules et plus odieuses tout ensemble que tout ce qu’on raconte de l’insolente fourberie des prêtres de l’antiquité[1].
Les papes ses successeurs restèrent jusqu’en 1371 dans Avignon. Cette ville ne leur appartenait pas, elle était aux comtes de Provence ; mais les papes s’en étaient rendus insensiblement les maîtres usufruitiers, tandis que les rois de Naples, comtes de Provence, disputaient le royaume de Naples.
(1348) La malheureuse reine Jeanne, dont nous allons parler, se crut heureuse de céder Avignon au pape Clément VI pour quatre-vingt mille florins d’or qu’il ne paya jamais. La cour des papes y était tranquille ; elle répandait l’abondance dans la Provence et le Dauphiné, et oubliait le séjour orageux de Rome.
Je ne vois presque aucun temps, depuis Charlemagne, dans lequel les Romains n’aient rappelé leurs anciennes idées de grandeur et de liberté : ils choisissaient, comme on a vu[2], tantôt plusieurs sénateurs, tantôt un seul, ou un patrice, ou un gouverneur, ou un consul, quelquefois un tribun. Quand ils virent que le pape achetait Avignon, ils songèrent encore à faire renaître la république : ils revêtirent du tribunat un simple citoyen, nommé Nicolas Rienzi, et vulgairement Cola, homme né fanatique et devenu ambitieux, capable par conséquent de grandes choses ; il les entreprit, et donna des espérances à Rome : c’est de lui que parle Pétrarque dans la plus belle de ses odes ou canzoni ; il dépeint Rome, échevelée et les yeux mouillés de larmes, implorant le secours de Rienzi :
Con gli occhi di dolor bagnati e molli,
Ti chier’ mercè da tutti sette i colli[3].
Ce tribun s’intitulait « sévère et clément libérateur de Rome, zélateur de l’Italie, amateur de l’univers » ; il déclara que tous les peuples de l’Italie étaient libres et citoyens romains. Mais ces convulsions d’une liberté depuis si longtemps mourante ne furent pas plus efficaces que les prétentions des empereurs sur Rome :