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DE LÉON X, ET DE L’ÉGLISE.


Celui qui avait fait trembler l’Europe et l’Afrique, et repoussé le vainqueur de la Perse, mourut donc en démence (1558). Tout montre dans sa famille l’excès de la faiblesse humaine.

Son grand-père Maximilien veut être pape ; Jeanne sa mère est folle et enfermée ; et Charles-Quint s’enferme chez des moines, et y meurt ayant l’esprit aussi troublé que sa mère.

N’oublions pas que le pape Paul IV ne voulut jamais reconnaître pour empereur Ferdinand Ier, à qui son frère avait cédé l’empire : ce pape prétendait que Charles n’avait pu abdiquer sans sa permission. L’archevêque électeur de Mayence, chancelier de l’empire, promulgua tous ses actes au nom de Charles-Quint, jusqu’à la mort de ce prince. C’est la dernière époque de la prétention qu’eurent si longtemps les papes de disposer de l’empire. Sans tous les exemples que nous avons vus de cette prétention étrange, on croirait que Paul IV avait le cerveau encore plus blessé que Charles-Quint.

Avant de voir quelle influence eut Philippe II, son fils, sur la moitié de l’Europe, combien l’Angleterre fut puissante sous Élisabeth, ce que devint l’Italie, comment s’établit la république des Provinces-Unies, et à quel état affreux la France fut réduite, je dois parler des révolutions de la religion, parce qu’elle entra dans toutes les affaires, comme cause ou comme prétexte, dès le temps de Charles-Quint.

Ensuite je me ferai une idée des conquêtes des Espagnols dans l’Amérique, et de celles que firent les Portugais dans les Indes : prodiges dont Philippe II recueillit tout l’avantage, et qui le rendirent le prince le plus puissant de la chrétienté.

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CHAPITRE CXXVII.


De Léon X, et de l’Église.


Vous avez parcouru tout ce vaste chaos dans lequel l’Europe chrétienne a été confusément plongée depuis la chute de l’empire romain. Le gouvernement politique de l’Église, qui semblait devoir réunir toutes ces parties divisées, fut malheureusement la