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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

ouvrage[1] ; car dans un Avis, ou prospectus pour la première édition du recueil complet des œuvres de M. de Voltaire, les frères Cramer disaient, à la fin de 1755 ou au commencement de 1756 : « Les Annales de l’Empire ne se réimprimeront point actuellement ; il y en a un si grand nombre d’éditions répandues partout que ce serait multiplier les êtres sans nécessité ; d’ailleurs il y a mille choses dans ces Annales qui sont insérées et plus détaillées dans l’Essai sur l’Histoire générale. Un jour peut-être M. de Voltaire reverra cet ouvrage, et le fera ajouter à ce recueil. »

Ce ne fut qu’en 1772 que les Annales de l’Empire furent admises dans l’édition des Cramer. Elles sont contenues dans les quinzième, seizième et dix-septième parties (ou volumes) des Nouveaux Mélanges. L’auteur avait revu son ouvrage, et y avait fait des changements dont il m’a suffi d’indiquer quelques-uns.

Luchet raconte[2] que « les journalistes de Gottingue… rendirent un compte sévère de cet ouvrage, composé avec un peu de précipitation. Ils relevèrent beaucoup d’erreurs avec la supériorité de gens qui possèdent à fond l’histoire de leur pays sur quelqu’un qui l’étudiait ».

Ce n’est pas la seule fois que les rédacteurs de ce journal allemand ont maltraité Voltaire. Le Siècle de Louis XIV a été aussi l’objet de critiques assez vives de leur part, auxquelles Voltaire répondit par son Avis à l’auteur du journal de Gottingue[3]. Je ne crois pas qu’il ait répondu à la critique des Annales de l’Empire.

Est-ce quelques observations des journalistes de Gottingue que Luchet reproduit dans son Histoire littéraire de Voltaire[4] ? Je ne sais. Mais que les critiques de Luchet soient de son chef ou de celui des journalistes de Gottingue, elles n’en sont presque toutes ni plus justes, ni moins ridicules.

Luchet dit : « Erreur importante. L’empereur Charles IV ayant été lui-même roi de Bohême, la bulle d’or accordait à ce royaume, préférablement à toutes les autres principautés de l’empire germanique, le privilége d’oser appeler de ses tribunaux à la chambre impériale. « Ce n’est pas là un privilége, ce me semble, mais une servitude ou dépendance. Aussi Voltaire dit-il, dès sa première édition, ce qu’on lit page 336 du présent volume : « Il est… à remarquer combien la Bohême est favorisée dans cette bulle ; l’empereur était roi de Bohême. C’est le seul pays où les causes des procès ne doivent pas ressortir à la chambre impériale. Ce droit de non appellando a été étendu depuis à beaucoup de princes. »

Luchet reproche à Voltaire d’avoir dit que Pie V donna trop de dignités à Jacques Buoncompagno, son bâtard, et d’avoir, dans la liste des papes,

  1. Lambert doit en avoir fait faire une à Paris ; on peut, du moins, ce me semble, interpréter ainsi ce que Voltaire écrivait à d’Argental, le 7 février 1754 : « J’ai écrit à Lambert ; je lui ai recommandé des cartons que je lui ai envoyés pour ces Annales. »
  2. Histoire littéraire de Voltaire, tome IV, page 34, de l’édition de Cassel, page 33 de l’édition de Paris.
  3. Voyez cette pièce dans les Mélanges, année 1753.
  4. Page 28 de l’édition de Cassel, page 26 de l’édition de Paris.