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ANNALES DE L’EMPIRE.

Rome ? Il est indubitable que les pontifes romains se saisirent des droits régaliens dès qu’ils le purent, comme ont fait les évêques francs et germains ; toute autorité veut toujours croître : et par cette raison-là même on ne mit plus que le nom de Charlemagne sur les nouvelles monnaies de Rome, lorsqu’en 800 le pape et le peuple romain l’eurent nommé empereur. Quelques critiques prétendent que les monnaies frappées au nom d’Adrien Ier n’étaient que des médailles en l’honneur de cet évêque : cette remarque est d’une très-grande vraisemblance, puisque Adrien n’était pas certainement souverain de Rome.

775. Second effort des Saxons contre Charlemagne, pour leur liberté, qu’on appelle révolte. Ils sont encore vaincus dans la Vestphalie ; et après beaucoup de sang répandu, ils donnent des bœufs et des otages, n’ayant autre chose à donner.

776. Tentative du fils de Didier, nommé Adalgise, pour recouvrer le royaume de Lombardie. Le pape Adrien la qualifie horrible conspiration. Charles court la punir. Il revole d’Allemagne en Italie, fait couper la tête à un duc de Frioul assez courageux pour s’opposer aux invasions du conquérant, et trop faible pour ne pas succomber.

Pendant ce temps-là même les Saxons reviennent encore en Vestpbalie ; il revient les battre. Ils se soumettent, et promettent encore de se faire chrétiens. Charles bâtit des forts dans leur pays avant d’y bâtir des églises.

777. Il donne des lois aux Saxons, et leur fait jurer qu’ils seront esclaves s’ils cessent d’être chrétiens et soumis. Dans une grande diète tenue à Paderborn sous des tentes, un émir musulman, qui commandait à Saragosse, vint conjurer Charles d’appuyer sa rébellion contre Abdérame, roi d’Espagne.

778. Charles marche de Paderborn en Espagne, prend le parti de cet émir, assiége Pampelune, et s’en rend maître. Il est à remarquer que les dépouilles des Sarrasins furent partagées entre le roi, les officiers, et les soldats, selon l’ancienne coutume de ne faire la guerre que pour du butin, et de le partager également entre tous ceux qui avaient une égale part au danger. Mais tout ce butin est perdu en repassant les Pyrénées. L’arrière-garde de Charlemagne est taillée en pièces à Roncevaux par les Arabes et par les Gascons. C’est là que périt, dit-on, Roland son neveu, si célèbre par son courage et par sa force incroyable.

Comme les Saxons avaient repris les armes pendant que Charles était en Italie, ils les reprennent tandis qu’il est en Espagne, Vitikind, retiré chez le duc de Danemark son beau-