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LOTHAIRE.

838. L’empereur Louis n’a plus que deux enfants à craindre au lieu de trois. Louis de Bavière se révolte encore, et lui demande encore pardon.

839. Lothaire demande aussi pardon, afin d’avoir l’Aquitaine. L’empereur fait un nouveau partage de ses États. Il ôte tout aux enfants de Pepin dernier mort. Il ajoute à l’Italie, que possédait le rebelle Lothaire, la Bourgogne, Lyon, la Franche-Comté, une partie de la Lorraine, du Palatinat, Trêves, Cologne, l’Alsace, la Franconie, Nuremberg, la Thuringe, la Saxe, et la Frise. Il donne à son bien-aimé Charles, le fils de Judith, tout ce qui est entre la Loire, le Rhône, la Meuse, et l’Océan. Il trouve encore, par ce partage, le secret de mécontenter ses enfants et ses petits-enfants. Louis de Bavière arme contre lui.

840. L’empereur Louis meurt enfin de chagrin. Il fait, avant sa mort, des présents à ses enfants. Quelques partisans de Louis de Bavière, lui faisant un scrupule de ce qu’il ne donnait rien à ce fils dénaturé : « Je lui pardonne, dit-il ; mais qu’il sache qu’il me fait mourir. »

Son testament, vrai ou faux, confirme la donation de Pepin et de Charlemagne à l’Église de Rome, laquelle doit tout aux rois des Francs. On est étonné, en lisant la charte appelée Carta divisionis, qu’il ajoute à ces présents la Corse, la Sardaigne, et la Sicile. La Sardaigne et la Corse étaient disputées entre les musulmans et quelques aventuriers chrétiens. Ces aventuriers avaient recours aux papes qui leur donnaient des bulles et des aumônes. Ils consentaient à relever des papes ; mais alors, pour acquérir ce droit de mouvance, il fallait que les papes le demandassent aux empereurs. Reste à savoir si Louis le Faible leur céda en effet le domaine suprême de la Sardaigne et de la Corse. Pour la Sicile, elle appartenait aux empereurs d’Orient[1].

Louis expire le 20 juin 840.



LOTHAIRE,
troisième empereur.

841. Bientôt après la mort du fils de Charlemagne, son empire éprouva la destinée de celui d’Alexandre et de la grandeur

  1. Voyez l’article Donation, dans le Dictionnaire philosophique.