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HENRI II.

riens disent qu’Othon, allant ensuite à Aix-la-Chapelle, fit ouvrir le tombeau de Charlemagne, et qu’on trouva cet empereur encore tout frais, assis sur un trône d’or, une couronne de pierreries sur la tête, et un grand sceptre d’or à la main. Si l’on avait enterré ainsi Charlemagne, les Normands, qui détruisirent Aix-la-Chapelle, ne l’auraient pas laissé sur son trône d’or.

1001. Les Grecs alors abandonnaient le pays de Naples, mais les Sarrasins y revenaient souvent. L’empereur repasse les Alpes pour arrêter leurs progrès et ceux des défenseurs de la liberté italique, plus dangereux que les Sarrasins.

1002. Les Romains assiégent son palais dans Rome, et tout ce qu’il peut faire, c’est de s’enfuir avec le pape et avec sa maîtresse, la veuve de Crescence. Il meurt à Paterno, petite ville de la campagne de Rome, à l’âge de près de trente ans. Plusieurs auteurs disent que sa maîtresse l’empoisonna, parce qu’il n’avait pas voulu la faire impératrice ; d’autres, qu’il fut empoisonné par les Romains, qui ne voulaient point d’empereur. Ce fait est peut-être vraisemblable, mais il n’est nullement prouvé. Sa mort laissa indécis plus que jamais ce long combat de la papauté contre l’empire, des Romains contre l’un et l’autre, et de la liberté italienne contre la puissance allemande. C’est ce qui tient l’Europe toujours attentive ; c’est là le fil qui conduit dans le labyrinthe de l’histoire de l’Allemagne.

Ces trois Othons, qui ont rétabli l’empire, ont tous trois assiégé Rome, et y ont fait couler le sang : et Arnoud, avant eux, l’avait saccagée.

1003. Othon III ne laissait point d’enfants. Vingt seigneurs prétendirent à l’empire ; un des plus puissants était Henri, duc de Bavière : le plus opiniâtre de ses rivaux était Ékard, marquis de Thuringe. On assassine le marquis pour faciliter l’élection du Bavarois, qui, à la tête d’une armée, se fait sacrer à Mayence le 19 juillet.



HENRI II,
quinzième empereur.

À peine Henri de Bavière est-il couronné qu’il fait déclarer Hermann, duc de Souabe et d’Alsace, son compétiteur, ennemi de l’empire. Il met Strasbourg dans ses intérêts : c’était déjà une ville puissante. Il ravage la Souabe ; il marche en Saxe ; il se fait