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CONRAD II, DIT LE SALIQUE.

Enfin le choix tomba sur Conrad, surnommé le Salique, parce qu’il était né sur la rivière de la Saale. C’était un seigneur de Franconie, qu’on fait descendre d’Othon le Grand par les femmes. Il y a grande apparence qu’il fut choisi comme le moins dangereux de tous les prétendants ; en effet, on ne voit point de grandes villes qui lui appartiennent, et il n’est que le chef de puissants vassaux, dont chacun est aussi fort que lui.

1025-1026. L’Allemagne se regardait toujours comme le centre de l’empire ; et le nom d’empereur paraissait confondu avec celui de roi de Germanie. Les Italiens saisissaient toutes les occasions de séparer ces deux titres.

Les députés des grands fiefs d’Italie vont offrir l’empire à Robert, roi de France ; c’était offrir alors un titre fort vain, et des guerres réelles. Robert le refuse sagement. On s’adresse à un duc de Guienne, pair de France : il l’accepte, ayant moins à risquer. Mais le pape Jean XX et l’archevêque de Milan font venir Conrad le Salique en Italie. Il fait auparavant élire et couronner son fils Henri roi de Germanie ; c’était la coutume alors en France, et partout ailleurs.

Il est obligé d’assiéger Pavie. Il essuie des séditions à Ravenne. Tout empereur allemand appelé en Italie y est toujours mal reçu.

1027. À peine Conrad est couronné à Rome qu’il n’y est plus en sûreté. Il repasse en Allemagne, et il y trouve un parti contre lui. Ce sont là les causes de ces fréquents voyages des empereurs.

1028-1029-1030. Henri duc de Bavière étant mort, le roi de Hongrie Étienne, parent par sa mère, demande la Bavière, au préjudice du fils du dernier duc ; preuve que les droits du sang n’étaient pas encore bien établis : et en effet, rien ne l’était. L’empereur donne la Bavière au fils. Le Hongrois veut l’avoir les armes à la main. On se bat, et on l’apaise. Et après la mort de cet Étienne, l’empereur a le crédit de faire placer sur le trône de Hongrie un parent d’Étienne, nommé Pierre : il a de plus le pouvoir de se faire rendre hommage et de se faire payer un tribut par ce roi Pierre, que les Hongrois irrités appelèrent Pierre l’Allemand. Les papes, qui croyaient toujours avoir érigé la Hongrie en royaume, auraient voulu qu’on l’appelât Pierre le Romain.

Ernest, duc de Souabe, qui avait armé contre l’empereur, est mis au ban de l’empire. Ban signifiait d’abord bannière ; ensuite édit, publication ; il signifia aussi depuis bannissement. C’est un des premiers exemples de cette proscription. La formule était :