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ANNALES DE L’EMPIRE.

Othon de Bavière est mis au ban de l’empire[1]. C’est le second souverain de ce duché qui essuie cette disgrâce[2]. L’empereur donne la Bavière à Guelfe, fils d’Azun, marquis d’Italie.

1071-1072. L’empereur, quoique jeune et livré aux plaisirs, parcourt l’Allemagne pour y mettre quelque ordre.

L’année 1072 est la première époque des fameuses querelles pour les investitures[3].

Alexandre II avait été élu pape sans consulter la cour impériale, et était resté pape malgré elle. Hildebrand, né à Soane en Toscane, de parents inconnus, moine de Cluny sous l’abbé Odilon, et depuis cardinal, gouvernait le pontificat. Il est assez connu sous le nom de Grégoire VII ; esprit vaste, inquiet, ardent, mais artificieux jusque dans l’impétuosité : le plus fier des hommes, le plus zélé des prêtres. Alexandre avait déjà, par ses conseils, raffermi l’autorité du sacerdoce.

Il engage le pape Alexandre à citer l’empereur à son tribunal. Cette témérité parait ridicule ; mais si l’on songe à l’état où se trouvait alors l’empereur, elle ne l’est point. La Saxe, la Thuringe, une partie de l’Allemagne, étaient alors déclarées contre Henri IV.

1073. Alexandre II étant mort, Hildebrand a le crédit de se faire élire par le peuple sans demander les voix des cardinaux, et sans attendre le consentement de l’empereur. Il écrit à ce prince qu’il a été élu malgré lui, et qu’il est prêt à se démettre. Henri IV envoie son chancelier confirmer l’élection du pape, qui alors, n’ayant plus rien à craindre, lève le masque.

Henri continue à faire la guerre aux Saxons, et à la ligue établie contre lui. Henri IV est vainqueur.

1075. Les Russes commençaient alors à être chrétiens, et connus dans l’Occident.

Un Démétrius (car les noms grecs étaient parvenus jusque dans cette partie du monde), chassé de ses États par son frère, vient à Mayence implorer l’assistance de l’empereur ; et, ce qui est plus remarquable, il envoie son fils à Rome aux pieds de Grégoire VII, comme au juge des chrétiens. L’empereur passait pour le chef temporel, et le pape pour le chef spirituel de l’Europe.

Henri achève de dissiper la ligue, et rend la paix à l’empire.

Il paraît qu’il redoutait de nouvelles révolutions, car il écrivit

  1. Voyez page 280.
  2. Voyez page 293.
  3. Voyez le chapitre xlvi de l’Essai.