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FRÉDÉRIC Ier, DIT BARBEROUSSE.

c’est le même qui fut depuis empereur sous le nom d’Othon IV[1] ; et c’est d’un frère de cet Othon IV que descendent les princes qui règnent aujourd’hui en Angleterre : de sorte que les ducs de Brunsvick, les rois d’Angleterre, les ducs de Modène, ont tous une origine commune ; et cette origine est italienne.

1182. L’Allemagne est alors tranquille. Frédéric y abolit plusieurs coutumes barbares, entre autres celle de piller le mobilier des morts ; droit horrible que tous les bourgeois des villes exerçaient au décès d’un bourgeois, aux dépens des héritiers, et qui causait toujours des querelles sanglantes, quoique le mobilier fût alors bien peu de chose.

Toutes les villes de la Lombardie jouissent d’une profonde paix, et reprennent la vie.

Les Romains persistent toujours dans l’idée de se soustraire au pouvoir des papes, comme à celui des empereurs. Ils chassent de Rome le pape Lucius III, successeur d’Alexandre.

Le sénat est le maître dans Rome. Quelques clercs, qu’on prend pour des espions du pape Lucius III, lui sont renvoyés avec les yeux crevés : inhumanité trop indigne du nom romain.

1183. Frédéric Ier déclare Ratisbonne ville impériale. Il détache le Tyrol de la Bavière ; il en détache aussi la Stirie, qu’il érige en duché.

Célèbre congrès à Plaisance, le 30 avril, entre les commissaires de l’empereur et les députés de toutes les villes de Lombardie. Ceux de Venise même s’y trouvent. Ils conviennent que l’empereur peut exiger de ses vassaux d’Italie le serment de fidélité, et qu’ils sont obligés de marcher à son secours, en cas qu’on l’attaque dans son voyage à Rome, qu’on appelle l’expédition romaine.

Ils stipulent que les villes et les vassaux ne fourniront à l’empereur, dans son passage, que le fourrage ordinaire et les provisions de bouche pour tout subside.

L’empereur leur accorde le droit d’avoir des troupes, des fortifications, des tribunaux qui jugent en dernier ressort, jusqu’à concurrence de cinquante marcs d’argent ; et nulle cause ne doit être jamais évoquée en Allemagne.

Si, dans ces villes, l’évêque a le titre de comte, il y conservera le droit de créer les consuls de sa ville épiscopale ; et si l’évêque n’est pas en possession de ce droit, il est réservé à l’empereur.

Ce traité, qui rendait l’Italie libre sous un chef, a été regardé

  1. Voyez année 1208.