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ANNALES DE L’EMPIRE.

possesseur, voulut approprier à sa maison les États de Brandebourg, et il en investit son fils Louis.

L’empereur épouse en secondes noces la fille d’un comte de Hainaut et de Hollande, qui lui apporte pour dot ces deux provinces avec la Zélande et la Frise. Aucun État vers les Pays-Bas n’était regardé comme un fief masculin. Les empereurs songeaient à l’établissement de leurs maisons aussi bien qu’à l’empire.

L’empereur, ayant vaincu son concurrent, a le pape encore à vaincre. Jean XXII, des bords du Rhône, ne laissait pas d’influer beaucoup en Italie. Il animait la faction des guelfes contre les gibelins. Il déclare les Viscontis hérétiques, et comme l’empereur favorise les Viscontis, il déclare l’empereur fauteur d’hérétiques ; et, par une bulle du 9 octobre, il ordonne à Louis de Bavière de se désister dans trois mois de l’administration de l’empire, « pour avoir pris le titre de roi des Romains sans attendre que le pape ait examiné son élection ». L’empereur se contente de protester contre cette bulle, ne pouvant encore faire mieux.

1324. Louis de Bavière soutient le reste de la guerre contre la maison d’Autriche, pendant qu’il était attaqué par le pape.

Jean XXII, par une nouvelle bulle du 15 juillet, déclare l’empereur contumax, et le prive de tout droit à l’empire, s’il ne comparaît devant sa sainteté avant le 1er octobre. Louis de Bavière donne un rescrit par lequel il invite l’Église à déposer le pape, et appelle au futur concile.

Marcile de Padoue, et Jean de Gent[1] franciscain, viennent offrir leur plume à l’empereur contre le pape, et prétendent prouver que le saint-père est hérétique[2]. Il avait en effet des opinions singulières qu’il fut obligé de rétracter.

1325. Quand on voit ainsi les papes, n’ayant pas une ville à eux, parler aux empereurs en maîtres, on devine aisément qu’ils ne font que mettre à profit les préjugés des peuples et les intérêts des princes. La maison d’Autriche avait encore un parti en Allemagne, quoique le chef fût en prison ; et ce n’est qu’à la tête d’un parti qu’une bulle peut être dangereuse.

L’Alsace et le pays Messin, par exemple, tenaient pour cette maison. L’empereur fit une alliance avec le duc de Lorraine son prisonnier, avec l’archevêque de Trêves et le comte de Bar, pour prendre Metz. Metz fut prise en effet, et paya environ quarante mille livres tournois à ses vainqueurs.

  1. Jean de Gondouin.
  2. Le livre de Marcile ou Marsile est intitulé le Défenseur de la paix. (G, A.)