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LOUIS V DE BAVIÈRE.

Frédéric d’Autriche étant toujours en prison, le pape veut faire donner l’empire à Charles le Bel, roi de France. Il eût été naturel qu’un pape eût fait nommer un empereur en Italie. C’était ainsi qu’on en avait usé envers Charlemagne ; mais le long usage prévalait, et il fallait que l’Allemagne fît l’élection. On gagne en faveur du roi de France quelques princes d’Allemagne, qui donnèrent rendez-vous au roi à Bar-sur-Aube. Le roi de France s’y transporte, et n’y trouve que Léopold d’Autriche.

Le roi de France retourne chez lui, affligé de sa fausse démarche. Léopold d’Autriche, sans ressource, renvoie à Louis de Bavière la lance, l’épée, et la couronne de Charlemagne. L’opinion publique attachait encore à ces symboles un droit qui confirmait celui de l’élection.

Louis de Bavière élargit enfin son prisonnier, et lui fait signer une renonciation à l’empire pour le temps de la vie de Louis. On prétend que Frédéric d’Autriche conserva toujours le titre de roi des Romains.

1326. Léopold d’Autriche meurt[1]. Il faut bien observer que, malgré les lois, l’usage constant était que les grands fiefs se partageassent encore entre les héritiers. Trente enfants auraient partagé le même État en trente parts, et auraient tous porté le même titre. Tous les agnats de Rodolphe de Habsbourg portaient le nom de ducs d’Autriche.

Léopold avait eu pour son partage l’Alsace, la Suisse, la Souabe, et le Brisgau. Ses frères se disputent cet héritage ; ils choisissent le roi de Bohême, Jean de Luxembourg, pour austrègue, c’est-à-dire pour arbitre.

1327. Louis de Bavière va enfin en Italie se mettre à la tête des gibelins, et le pape anime de loin les guelfes contre lui. L’ancienne querelle de l’empire et du pontificat se renouvelle avec fureur.

Louis marche avec une petite armée à Milan ; il est accompagné d’une foule de moines franciscains. Ces moines étaient excommuniés par le pape Jean XXII pour avoir soutenu que leur capuchon devait être plus pointu, et que leur boire et leur manger ne leur appartenaient pas en propre[2].

Ces mêmes franciscains traitaient le pape d’hérétique et de damné, au sujet de son opinion sur la vision béatifique.

  1. Léopold, dit le Glorieux, mourut le 28 février 1326. Il était, ainsi que Frédéric le Beau, fils de l’empereur Albert Ier, qui fut père d’une douzaine d’enfants.
  2. Voyez tome XI, page 533.