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ANNALES DE L’EMPIRE.

accès de sa maladie le rendaient incapable de gouverner ses propres États ; pouvait-il venir décider entre deux empereurs ?

Venceslas, déposé, comptait alors sur son frère Sigismond, roi de Hongrie ; Sigismond, par un sort bizarre, est déposé lui-même, et mis en prison dans son propre royaume.

Les Hongrois choisissent Ladislas, roi de Naples, pour leur roi ; et Boniface, qui ne sait pas encore s’il est pape, prétend que c’est lui qui donne la couronne de Hongrie à Ladislas ; mais à peine Ladislas est-il sur les frontières de Hongrie que Naples se révolte. Il y retourne pour éteindre la rébellion.

Qu’on se fasse ici un tableau de l’Europe. On verra deux papes qui la partagent ; deux empereurs qui déchirent l’Allemagne ; la discorde en Italie après la mort de Visconti ; les Vénitiens s’emparant d’une partie de la Lombardie, Gênes d’une autre partie ; Pise assujettie par Florence ; en France, des troubles affreux sous un roi en démence ; en Angleterre, des guerres civiles ; les Maures tenant encore les plus belles provinces de l’Espagne ; les Turcs avançant vers la Grèce, et l’empire de Constantinople touchant à sa fin.

1404. Robert acquiert du moins quelques petits terrains qui arrondissent son palatinat. L’évêque de Strasbourg lui vend Offembourg, Celle, et d’autres seigneuries. C’est presque tout ce que lui vaut son empire.

Le duc d’Orléans, frère de Charles VI, achète le duché de Luxembourg de Josse, marquis de Moravie, à qui Venceslas l’a vendu. Sigismond avait vendu aussi le droit d’hommage. Par là le duché de Luxembourg et le duché du Milanais sont regardés par leurs nouveaux possesseurs comme détachés de l’empire.

1405. Le nouveau duc de Luxembourg et le duc de Lorraine se font la guerre, sans que l’empire y prenne part. Si les choses eussent continué encore quelques années sur ce pied, il n’y avait plus d’empire ni de corps germanique.

1406. Le marquis de Bade et le comte de Virtemberg font impunément une ligue avec Strasbourg et les villes de Souabe contre l’autorité impériale. Le traité porte que « si l’empereur ose toucher à un de leurs priviléges, tous ensemble lui feront la guerre ».

Les Suisses se fortifient toujours. Les seuls Bâlois ravagent les terres de la maison d’Autriche dans le Sundgau et dans l’Alsace.

1407-1408. Pendant que l’autorité impériale s’affaiblit, le schisme de l’Église continue. À peine un des anti-papes est mort que son parti en fait un autre. Ces scandales eussent fait secouer le joug de Rome à tous les peuples si on eût été plus éclairé et