Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
439
SIGISMOND.

ques villes qu’il avait confisquées à Frédéric d’Autriche. L’accommodement fait, il fallait les restituer. Cet embarras, et la disette continuelle d’argent où il était, mêlaient de l’avilissement à sa gloire.

Le nouveau pape Martin V déclare Sigismond roi des Romains, en suppléant aux défauts de formalité qui se trouvèrent dans son élection à Francfort.

Le pape, ayant promis de travailler à la réformation de l’Église, publie quelques constitutions touchant les revenus de la chambre apostolique et les habits des clercs.

Il accorde à l’empereur le dixième de tous les biens ecclésiastiques d’Allemagne pendant un an, pour l’indemniser des frais du concile ; et l’Allemagne en murmura.

Troubles apaisés cette année dans la Hollande, le Brabant, et le Hainaut. Tout ce qui en résulte d’important pour l’histoire, c’est que Sigismond reconnaît que la province de Hainaut ne relève pas de l’empire. Un autre empereur pouvait ensuite admettre le contraire. Le Hainaut avait autrefois, comme on a vu[1], relevé quelque temps d’un évêque de Liége.

Comme le droit féodal n’est point un droit naturel, que ce n’est point la possession d’une terre qu’on cultive, mais une prétention sur des terres cultivées par autrui, il a toujours été le sujet de mille disputes indécises.

1419. De plus grands troubles s’élevaient en Bohême. Les cendres de Jean Hus et de Jérôme de Prague excitaient un incendie.

Les partisans de ces deux infortunés voulurent soutenir leur doctrine et venger leur mort. Le célèbre Jean Ziska se met à la tête des hussites, et tâche de profiter de la faiblesse de Venceslas, du fanatisme des Bohémiens, et de la haine qu’on commence à porter au clergé, pour se faire un parti puissant et s’établir une domination.

Venceslas meurt en Bohême presque ignoré, Sigismond a donc à la fois l’empire, la Hongrie, la Bohême, la suzeraineté de la Silésie ; et, s’il n’avait pas vendu son électoral de Brandebourg, il pouvait fonder la plus puissante maison d’Allemagne.

1420. C’est contre ce puissant empereur que Jean Ziska se soutient, et lui fait la guerre dans ses États patrimoniaux. Les moines étaient le plus souvent les victimes de cette guerre ; ils payaient de leur sang la cruauté des pères de Constance.

Jean Ziska fait soulever toute la Bohême. Pendant ce temps, il

  1. Année 1252.