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MAXIMILIEN.

raccommode avec Jules II, le promoteur de la ligue, en lui cédant tout ce qu’il demande.

Le grand dessein de Jules II était di cacciare i barbari d’Italia, de défaire une bonne fois l’Italie des Français et des Allemands. Les papes autrefois avaient appelé ces nations pour s’appuyer tantôt de l’une, tantôt de l’autre ; Jules voulait un nom immortel on réparant les fautes de ses prédécesseurs, en s’affermissant par lui-même, en délivrant l’Italie. Maximilien aurait voulu aider Jules à chasser les Français.

1510. Jules II se sert d’abord des Suisses, qu’il anime contre Louis XII. Il excite le vieux Ferdinand, roi d’Aragon et de Naples. Il veut ménager la paix entre l’empereur et Venise ; et pendant ce temps-là il songe à s’emparer de Ferrare, de Bologne, de Ravenne, de Parme, de Plaisance.

Au milieu de tant d’intérêts divers, une grande diète se tient à Augsbourg. On y agite si Maximilien accordera la paix à Venise.

On y assure la liberté de la ville de Hambourg, longtemps contestée par la maison de Danemark.

Maximilien et Louis XII sont encore unis ; c’est-à-dire que Louis XII aide l’empereur à poursuivre les Vénitiens, et que l’empereur n’aide point du tout Louis XII à conserver le Milanais et Gênes, dont le pape le veut chasser.

Jules II accorde enfin au roi d’Aragon, Ferdinand, l’investiture de Naples qu’il avait promise à Louis XII. Ferdinand, maître affermi dans Naples, n’avait pas besoin de cette cérémonie : aussi ne lui en coûta-t-il que sept mille écus de redevance, au lieu de quarante-huit mille qu’on payait auparavant au saint-siége.

1511. Jules II déclare la guerre au roi de France. Ce roi commençait donc à être bien peu puissant en Italie.

Le pape guerrier veut conquérir Ferrare, qui appartient à Alfonse d’Esté, allié de la France. Il prend la Mirandole et Concordia chemin faisant, et les rend à la maison de la Mirandole, mais comme fiefs du saint-siége. Ce sont de petites guerres ; mais Jules II avait certainement plus de ressources dans l’esprit que ses prédécesseurs, puisqu’il trouvait de quoi faire ces guerres ; et toutes les victoires des Français avaient bien peu servi, puisqu’elles ne servaient pas à mettre un frein aux entreprises du pape.

Jules II cède à l’empereur Modène, dont il s’était emparé, et ne le cède que dans la crainte que les troupes qui restent au roi de France dans le Milanais n’en fassent le siége.

1512. Enfin le pape réussit à faire signer secrètement à Maximilien une ligue avec lui et le roi Ferdinand contre la France,