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CHARLES-QUINT

Par ces arrangements et par ces concessions, il est évident que Charles-Quint n’aspirait point à être roi du continent chrétien, comme le fut Charlemagne : il aspirait à en être le principal personnage, à y avoir la première influence, à retenir le droit de suzeraineté sur l’Italie. S’il eût voulu tout avoir pour lui seul, il aurait épuisé son royaume d’Espagne d’hommes et d’argent pour venir s’établir dans Rome, et gouverner la Lombardie comme une de ses provinces : il ne le fit pas, car, voulant trop avoir pour lui, il aurait eu trop à craindre.

1530. Les Toscans, voyant leur liberté sacrifiée à l’union de l’empereur et du pape, ont le courage de la défendre contre l’un et l’autre ; mais leur courage est inutile contre la force. Florence, assiégée, se rend à composition.

Alexandre de Médicis est reconnu souverain, et il se reconnaît vassal de l’empire.

Charles-Quint dispose des principautés en juge et en maître : il rend Modène et Reggio au duc de Ferrare, malgré les prières du pape ; il érige Mantoue en duché. C’est dans ce temps qu’il donne Malte aux chevaliers de Saint-Jean, qui avaient perdu Rhodes : la donation est du 24 mars. Il leur fit ce présent comme roi d’Espagne, et non comme empereur. Il se vengeait autant qu’il le pouvait des Turcs, en leur opposant ce boulevard qu’ils n’ont jamais pu détruire.

Après avoir ainsi donné des États, il va essayer de donner la paix à l’Allemagne ; mais les querelles de religion furent plus difficiles à concilier que les intérêts des princes.

Confession d’Augsbourg qui a servi de règle aux protestants et de ralliement à leur parti. Cette diète d’Augsbourg commence le 20 juin. Les protestants présentent leur confession de foi en latin et en allemand le 26.

Strasbourg, Memmingen, Lindau, et Constance, présentent la leur séparément, et on la nomme la Confession des quatre villes ; elles étaient luthériennes comme les autres, et différaient seulement en quelques points.

Zuingle envoie aussi sa confession, quoique ni lui ni le canton de Berne ne fussent ni luthériens ni impériaux.

On dispute beaucoup. L’empereur donne un décret, le 22 septembre, par lequel il enjoint aux protestants de ne plus rien innover, de laisser une pleine liberté dans leurs États à la religion catholique, et de se préparer à présenter leurs griefs au concile qu’il compte convoquer dans six mois.

Les quatre villes s’allient avec les trois cantons, Berne, Zurich,