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CHARLES-QUINT.

1554. Charles cède à son fils Philippe le royaume de Naples et de Sicile, avant que ce prince s’embarque pour l’Angleterre, où il arrive au mois de juillet, et est couronné roi conjointement avec Marie son épouse, comme depuis le roi Guillaume l’a été avec une autre Marie[1], mais non pas avec le pouvoir qu’a eu Guillaume.

Cependant la guerre dure toujours entre Charles-Quint et Henri II, sur les frontières de la France et en Italie, avec des succès divers et toujours balancés.

Les troupes de France étaient toujours dans le Piémont et dans le Montferrat, mais en petit nombre. L’empereur n’avait pas de grandes forces dans le Milanais ; il semblait qu’on fût épuisé des deux côtés.

Le duc de Florence, Cosme, armait pour l’empereur. Sienne, qui craignait de tomber un jour au pouvoir des Florentins, comme il lui est arrivé, était protégée par les Français. Medechino, marquis de Marignan, général de l’armée du duc de Florence, remporte une victoire sur quelques troupes de France et sur leurs alliés, le 2 auguste ; c’est en mémoire de cette victoire que Cosme institua l’ordre de Saint-Étienne, parce que c’était le jour de saint Etienne que la bataille avait été gagnée.

1555. Ernest, comte de Mansfeld[2], gouverneur du Luxembourg, est prêt de reprendre, par les artifices d’un cordelier, la ville de Metz, que l’empereur n’avait pu réduire avec cinquante mille hommes. Ce cordelier, nommé Léonard, gardien du couvent, qui avait été confesseur du duc de Guise, et qu’on respectait dans la ville, faisait entrer tous les jours de vieux soldats, allemands, espagnols, et italiens, déguisés en cordeliers, sous prétexte d’un chapitre général qui devait se tenir.

Un chartreux découvre le complot : on arrête le P. Léonard, qu’on trouva mort le lendemain ; son corps fut porté au gibet, et on se contenta de faire assister dix-huit cordeliers à la potence. Tant d’exemples du danger d’avoir des moines n’ont pu encore les faire abolir.

L’ancienne politique des papes se renouvelle sous Paul IV, de la maison de Caraffe : cette politique est, comme on a vu dans le cours de cet ouvrage, d’empêcher l’empereur d’être trop puissant en Italie.

Paul IV ne songe point au concile de Trente, mais à faire la guerre dans le royaume de Naples et dans le Milanais, avec le

  1. Voyez, tome XIV, le chapitre xv du Siècle de Louis XIV.
  2. Voyez année 1622.