Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/553

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
541
MAXIMILIEN II.

le possesseur. La France pouvait les aider. Le marquis de Caretto était à Vienne où il demandait justice en qualité de vassal de l’empire ; et pendant ce temps-là Philippe II s’emparait de son pays, et trouvait aisément le moyen d’avoir raison dans le conseil de l’empereur.

1572. Après la mort de Sigismond II, roi de Pologne, dernier roi de la race des Jagellons, Maximilien brigue sous main ce trône, et se flatte que la république de Pologne le lui offrira par une ambassade.

La république croit que son trône vaut bien la peine d’être demandé : elle n’envoie point d’ambassade, et les brigues secrètes de Maximilien sont inutiles.

1573. Le duc d’Anjou[1], l’un de ses compétiteurs, est élu, le 1er mai, au grand mécontentement des princes protestants d’Allemagne, qui virent passer chez eux avec horreur ce prince teint du sang répandu à la journée de la Saint-Barthélemy.

1574. Le prince d’Orange, qui se soutenait dans les Pays-Bas, par sa valeur et par son crédit, contre toute la puissance de Philippe II, tient à Dordrecht une assemblée de tous les seigneurs et de tous les députés des villes de son parti. Maximilien y envoie un commissaire impérial pour soutenir en apparence la majesté de l’empire, et pour ménager un accommodement entre Philippe et les confédérés.

1575. Maximilien II fait élire son fils aîné, Rodolphe, roi des Romains, dans la diète de Ratisbonne. La possession du trône impérial dans la maison d’Autriche devenait nécessaire par le long usage, par la crainte des Turcs, et par la convenance d’avoir un chef capable de soutenir par lui-même la dignité impériale.

Les princes de l’empire n’en jouissaient pas moins de leurs droits. L’électeur palatin fournissait des troupes aux calvinistes de France, et d’autres princes en fournissaient toujours aux calvinistes des Pays-Bas.

Le duc d’Anjou, roi de Pologne, devenu roi de France par la mort de Charles IX, ayant quitté la Pologne comme on se sauve d’une prison, et le trône ayant été déclaré vacant, Maximilien a enfin le crédit de se faire élire roi de Pologne le 15 décembre.

Mais une faction opposée fait un sanglant affront à Maximilien. Elle proclame Étienne Battori, vayvode de Transylvanie, vassal du sultan, et qui n’était regardé à la cour de Vienne que comme un rebelle et un usurpateur. Les Polonais lui font

  1. Depuis roi de France, sous le nom de Henri III ; voyez tome XII, page 526.