fait révolter une partie de l’armée, et se déclare seigneur de la haute Hongrie, sans oser prendre le titre de roi.
1605. Il ne reste à l’empereur en Hongrie que Presbourg : les Turcs et le révolté Botskai avaient le reste. L’archiduc Mathias était dans Presbourg avec une armée, mais le grand-vizir était dans la ville de Pest ; Botskai se fait proclamer prince de Transylvanie, et reçoit solennellement dans Pest la couronne de Hongrie, par les mains du grand-vizir. L’archiduc Mathias est obligé de s’accommoder avec les seigneurs hongrois, pour conserver ce qui reste de ce pays. Il fut stipulé que dans la suite les états de Hongrie, qui avaient toujours élu leur roi, éliraient eux-mêmes leur gouverneur, au nom de leur roi. La nomination aux évêchés était un droit de la couronne, mais les états exigèrent qu’on ne nommerait jamais que des Hongrois, et que les évêques nommés par l’empereur n’auraient point de part au gouvernement du royaume. Moyennant ces concessions et quelques autres, l’archiduc Mathias obtint que Botskai céderait la Transylvanie, et qu’il ne garderait de la Hongrie que la couronne d’or qu’il avait reçue du grand-vizir. Les Hongrois stipulèrent expressément que les religions luthérienne et calviniste seraient autorisées.
Sous ce gouvernement faible de Rodolphe, l’Allemagne n’était pourtant pas troublée. Il n’y avait alors que de très-petites guerres intestines, comme celle du duc de Brunsvick, qui voulait soumettre la ville de Brunsvick, et du duc de Bavière, qui voulait subjuguer Donavert. Le duc de Bavière[1], riche et puissant, vint à bout de Donavert ; mais le duc de Brunsvick ne put prévaloir contre Brunsvick, qui resta longtemps encore libre et impériale. Elle était soutenue par la hanse teutonique. Les grandes villes commerçantes pouvaient alors se défendre aisément contre les princes. On ne levait, comme on sait[2], de troupes qu’en cas de guerre. Ces milices nouvelles des princes et des villes étaient également mauvaises, mais depuis que les princes se sont appliqués à tenir en tout temps des troupes disciplinées, les choses ont bien changé.
L’Allemagne d’ailleurs fut tranquille, malgré trois religions opposées l’une à l’autre, malgré les guerres des Pays-Bas, qui inquiétaient sans cesse les frontières, malgré les troubles de la Hongrie et de la Transylvanie. La faiblesse de Rodolphe en Allemagne n’eut pas le même sort que celle de Henri III en France.