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FERDINAND II.



FERDINAND II,
quarantième-sixième empereur.

1619. Dans le temps même que Ferdinand II est couronné empereur, les états de Bohême nomment pour roi l’électeur palatin. Cet honneur était devenu plus dangereux qu’auparavant par la nomination de Ferdinand à l’empire ; c’était le temps d’une grande crise pour le parti protestant. Si Frédéric eût été secouru par son beau-père Jacques, roi d’Angleterre, le succès paraissait assuré ; mais Jacques ne lui donna que des conseils, et ces conseils furent de refuser ; il ne le crut pas, et s’abandonna à la fortune.

Il est solennellement couronné dans Prague le 4 novembre avec l’électrice princesse d’Angleterre ; mais il est couronné par l’administrateur des hussites, non par l’archevêque de Prague.

Cela seul annonçait une guerre de religion aussi bien que de politique : tous les princes protestants, hors l’électeur de Saxe, étaient pour lui ; il avait dans son armée quelques troupes anglaises, que des seigneurs d’Angleterre lui avaient amenées par amitié pour lui, par haine pour la religion catholique, et par la gloire de faire ce que son beau-père Jacques Ier ne faisait pas. Il était secondé par le vayvode de Transylvanie, Bethlem-Gabor, qui attaquait le même ennemi en Hongrie. Gabor pénétra même jusqu’aux portes de Vienne, et de là il retourna sur ses pas prendre Presbourg. La Silésie était toute soulevée contre l’empereur ; le comte de Mansfeld soutenait en Bohême le parti du palatin ; les protestants même de l’Autriche inquiétaient l’empereur. Si la maison bavaroise avait été réunie, comme celle d’Autriche le fut toujours, le parti du nouveau roi de Bohême aurait été le plus fort ; mais le duc de Bavière, riche et puissant, était loin de contribuer à la grandeur de la branche aînée de sa maison. La jalousie, l’ambition, la religion, le jetèrent dans le parti de l’empereur : de sorte qu’il arriva à la maison bavaroise, sous Ferdinand de Gratz, ce qui était arrivé à la maison de Saxe sous Charles-Quint.

La ligue protestante et la ligue catholique étaient à peu près également puissantes dans l’Allemagne, mais l’Espagne et l’Italie appuyaient Ferdinand ; elles lui fournissaient de l’argent levé sur le clergé, et des troupes. La France, qui n’était pas encore gouvernée par le cardinal de Richelieu, oubliait ses anciens intérêts.