Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
568
ANNALES DE L’EMPIRE.

1629. Le roi de Danemark, toujours malheureux, est obligé de faire sa paix avec l’empereur au mois de juin. Jamais Ferdinand n’eut plus de puissance, et ne la fit plus valoir.

Christiern IV, qui avait des démêlés avec le duc de Holstein, ravageait le duché de Slesvick avec ses troupes, qui ne servaient plus contre Ferdinand. La cour de Vienne lui envoie des lettres monitoriales comme à un membre de l’empire, et lui enjoint d’évacuer les terres de Slesvick. Le roi de Danemark répond que jamais ce duché n’a été un fief impérial comme celui de Holstein. La cour de Vienne réplique que le royaume de Danemark lui-même est un fief de l’empire. Le roi est enfin obligé de se conformer à la volonté de l’empereur. On ne pouvait guère soutenir les prétentions de l’empire, du côté du Nord, avec plus de grandeur.

Jusque-là l’empire avait paru comme entièrement détaché de l’Italie depuis Charles-Quint. La mort d’un duc de Mantoue, marquis de Montferrat, fit revivre ces anciens droits qu’on avait été hors de portée d’exercer. Ce duc de Mantoue, Vincent II, était mort sans enfants. Son gendre[1], Charles de Gonzague, duc de Nevers, prétendait la succession en vertu de ses conventions matrimoniales. Son parent César Gonzague, duc de Guastalle, avait reçu de l’empereur l’investiture éventuelle.

Le duc de Savoie, troisième prétendant, voulait exclure les deux autres, et le roi d’Espagne voulait les exclure tous trois. Le duc de Nevers avait déjà pris possession, et se faisait reconnaître duc de Mantoue ; mais le roi d’Espagne et le duc de Savoie s’unissent ensemble pour s’emparer dans le Montferrat de ce qui peut leur convenir.

L’empereur exerce alors, pour la première fois, son autorité en Italie ; il envoie le comte de Nassau, en qualité de commissaire impérial, pour mettre en séquestre le Mantouan et le Montferrat jusqu’à ce que le procès soit jugé à Vienne.

Ces procédures étaient inouïes en Italie depuis soixante ans. Il était visible que l’empereur voulait à la fois soutenir les anciens droits de l’empire et enrichir la branche d’Autriche espagnole de ces dépouilles.

Le ministère de France, qui épiait toutes les occasions de mettre une digue à la puissance autrichienne, secourt le duc de

  1. Voltaire venant de dire que Vincent II est mort sans enfants, il est évident que c’est par faute de copiste ou d’impression qu’on lit ici son gendre. Il faut son cousin. (B.)