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FERDINAND II.

Cependant l’objet des Pays-Bas fut celui dans lequel il fut le plus malheureux, et l’Alsace, qu’il donnait si libéralement à Bernard de Veimar, fut, après la mort de ce cardinal, le partage de la France. Voilà comme les événements trompent presque toujours les politiques ; à moins qu’on ne dise que l’intention du ministère de France était de garder l’Alsace, sous le nom du duc de Veimar, comme elle avait une armée sous le nom de ce grand capitaine,

1636. L’Italie entrait encore dans cette grande querelle, mais non pas comme du temps des maisons impériales de Saxe et de Souabe, pour défendre sa liberté contre les armes allemandes. C’était à la branche autrichienne d’Espagne, dominante dans l’Italie, qu’on voulait disputer, en delà des Alpes, cette même supériorité qu’on disputait à l’autre branche en delà du Rhin. Le ministère de France avait alors pour lui la Savoie ; il venait de chasser les Espagnols de la Valteline : on attaquait de tous côtés ces deux vastes corps autrichiens.

La France seule envoyait à la fois cinq armées, et attaquait ou se soutenait vers le Piémont, vers le Rhin, sur les frontières de la Flandre, sur celles de la Franche-Comté, et sur celles d’Espagne. François Ier avait fait autrefois un pareil effort, et la France n’avait jamais montré depuis tant de ressources.

Au milieu de tous ces orages, dans cette confusion de puissances qui se choquent de tous les côtés ; tandis que l’électeur de Saxe, après avoir appelé les Suédois en Allemagne, mène contre eux les troupes impériales, et qu’il est défait dans la Vestphalie par le général Bannier, que tout est ravagé dans la Hesse, dans la Saxe, et dans cette Vestphalie, Ferdinand, toujours uniquement occupé de sa politique, fait enfin déclarer son fils Ferdinand-Ernest roi des Romains, dans la diète de Ratisbonne, le 12 décembre. Ce prince est couronné le 20. Tous les ennemis de l’Autriche crient que cette élection est nulle. L’électeur de Trêves, disent-ils, était prisonnier ; Charles-Louis, fils du palatin roi de Bohême Frédéric, n’est point rentré dans les droits de son palatinat ; les électeurs de Mayence et de Cologne sont pensionnaires de l’empereur : tout cela, disait-on, est contre la bulle d’or. Il est pourtant vrai que la bulle d’or n’avait spécifié aucun de ces cas, et que l’élection de Ferdinand III, faite à la pluralité des voix, était aussi légitime qu’aucune autre élection d’un roi des Romains faite du vivant d’un empereur ; espèce dont la bulle d’or ne parle point du tout.

1637. Ferdinand II meurt le 15 février à cinquante-neuf ans,