Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/597

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
585
FERDINAND III.

La même fortune qui avait fait périr Gustave et Veimar au milieu de leurs conquêtes délivre encore les Impériaux de ce fameux général Bannier : il meurt dans le temps qu’il était le plus à craindre ; une maladie l’emporte le 20 mai, à l’âge de quarante ans[1], dans Halberstadt. Aucun des généraux suédois n’eut une longue carrière.

On négociait toujours ; le cardinal de Richelieu pouvait donner la paix, et ne le voulait pas : il sentait trop les avantages de la France, et il voulait se rendre nécessaire pendant la vie et après la mort de Louis XIII, dont il prévoyait la fin prochaine ; il ne prévoyait pas que lui-même mourrait avant le roi. Il conclut donc avec la reine de Suède Christine un nouveau traité d’alliance offensive pour préliminaire de cette paix, dont on flattait les peuples oppressés ; et il augmenta le subside de la Suède de deux cent mille livres.

Le comte de Torstenson[2] succède au général Bannier dans le commandement de l’armée suédoise, qui était en effet une armée d’Allemands. Presque tous les Suédois qui avaient combattu sous Gustave et sous Bannier étaient morts, et c’était sous le nom de la Suède que les Allemands combattaient contre leur patrie. Torstenson, élève du grand Gustave, se montre d’abord digne d’un tel maître. Le maréchal de Guébriant et lui défont encore les Impériaux, près de Volflenbuttel.

Cependant, malgré tant de victoires, l’Autriche n’est jamais entamée ; l’empereur résiste toujours. L’Allemagne, depuis le Mein jusqu’à la mer Baltique, était toute ruinée ; on ne porta jamais la guerre dans l’Autriche. On n’avait donc pas assez de forces : ces victoires tant vantées n’étaient donc pas entièrement décisives ; on ne pouvait donc poursuivre à la fois tant d’entreprises, et attaquer puissamment un côté sans dégarnir l’autre.

1642. Le nouvel électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, traite avec la France et avec la Suède, dans l’espérance d’obtenir le duché de Jagerndorff en Silésie, duché donné autrefois par Ferdinand Ier à un prince de la maison de Brandebourg, qui avait été son gouverneur, confisqué depuis par Ferdinand II, après la victoire de Prague, et après le malheur de la maison palatine. L’électeur de Brandebourg espérait de rentrer dans cette terre dont son grand-oncle avait été privé.

  1. Il était âgé d’environ quarante-cinq ans, étant né en 1596.
  2. Voyez, sur Torstenson, tome XIV, une note au chapitre iii du Siècle de Louis XIV.