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CHAPITRE CLXXIX.

commerce d’Augsbourg et de Nuremberg avait péri. Il ne restait guère de manufactures que celles de fer et d’acier ; l’argent était d’une rareté extrême ; toutes les commodités de la vie ignorées ; les mœurs se ressentaient de la dureté que trente ans de guerre avaient mise dans tous les esprits. Il a fallu un siècle entier pour donner à l’Allemagne tout ce qui lui manquait. Les réfugiés de France ont commencé à y porter cette réforme, et c’est de tous les pays celui qui a retiré le plus d’avantages de la révocation de l’édit de Nantes. Tout le reste s’est fait de soi-même et avec le temps. Les arts se communiquent toujours de proche en proche ; et enfin l’Allemagne est devenue aussi florissante que l’était l’Italie au XVIe siècle, lorsque tant de princes entretenaient à l’envi dans leurs cours la magnificence et la politesse[1].

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CHAPITRE CLXXIX.


De l’Angleterre jusqu’à l’année 1641.


Si l’Espagne s’affaiblit après Philippe II, si la France tomba dans la décadence et dans le trouble après Henri IV jusqu’aux grands succès du cardinal de Richelieu, l’Angleterre déchut longtemps depuis le règne d’Élisabeth. Son successeur, Jacques Ier, devait avoir plus d’influence qu’elle dans l’Europe, puisqu’il joignait à la couronne d’Angleterre celle d’Écosse ; et cependant son règne fut bien moins glorieux.

Il est à remarquer que les lois de la succession au trône n’avaient pas en Angleterre cette sanction et cette force incontestable qu’elles ont en France et en Espagne. (1603) On compte pour un des droits de Jacques le testament d’Elisabeth qui l’appelait à la couronne ; et Jacques avait craint de n’être pas nommé dans le testament d’une reine respectée, dont les dernières volontés auraient pu diriger la nation.

Malgré ce qu’il devait au testament d’Élisabeth, il ne porta

  1. Pour plus de détails sur le règne de Rodolphe II, Mathias, Ferdinand II et Ferdinand III, voyez les Annales de l’Empire. Voyez aussi cet ouvrage pour bien connaître les bases du traité de Westphalie.