fait dire, par exemple, à l’auteur du Testament politique attribué au cardinal de Richelieu, que « s’il se trouve dans le peuple quelque malheureux honnête homme, il ne faut pas s’en servir ». Le Testament politique dit seulement, à l’endroit cité, qu’il vaut mieux se servir des hommes riches et bien élevés, parce qu’ils sont moins corruptibles. Montesquieu s’est trompé dans d’autres citations, jusqu’à dire que François Ier (qui n’était pas né lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique) avait refusé les offres de Christophe Colomb[1]. Le défaut continuel de méthode dans cet ouvrage, la singulière affectation de ne mettre souvent que trois ou quatre lignes dans un chapitre, et encore de ne faire de ces quatre lignes qu’une plaisanterie, ont indisposé beaucoup de lecteurs : on s’est plaint de trouver trop souvent des saillies où l’on attendait des raisonnements ; on a reproché à l’auteur d’avoir trop donné d’idées douteuses pour des idées certaines ; mais, s’il n’instruit pas toujours son lecteur, il le fait toujours penser, et c’est là un très-grand mérite. Ses expressions vives et ingénieuses, dans lesquelles on trouve l’imagination de Montaigne, son compatriote, ont contribué surtout à la grande réputation de l’Esprit des lois ; les mêmes choses dites par un homme savant, et même plus savant que lui, n’auraient pas été lues. Enfin il n’y a guère d’ouvrages où il y ait plus d’esprit, plus d’idées profondes, plus de choses hardies, et où l’on trouve plus à s’instruire, soit en approuvant ses opinions, soit en les combattant. On doit le mettre au rang des livres originaux qui ont illustré le siècle de Louis XIV[2], et qui n’ont aucun modèle dans l’antiquité.
Il est mort en 1755, en philosophe[3] comme il avait vécu.
Montfaucon (Bernard de), né en 1655, bénédictin, l’un des plus savants antiquaires de l’Europe. Mort en 1741.
Montfaucon de Villars (l’abbé), né en 1635, célèbre par le Comte de Gabalis. C’est une partie de l’ancienne mythologie des Perses. L’auteur fut tué, en 1675, d’un coup de pistolet. On dit que les sylphes l’avaient assassiné pour avoir révélé leurs mystères.
Montpensier (Anne-Marie-Louise d’Orléans), connue sous le
- ↑ Voyez le Commentaire sur l’Esprit des lois, dans les Mélanges, à la date de 1777.
- ↑ Le premier ouvrage imprimé de Montesquieu est de 1721 : ce sont les Lettres persanes ; Louis XIV était mort en 1715. Montesquieu, Voltaire, J.-J. Rousseau, et Buffon, sont les quatre grands hommes du xviiie siècle.
- ↑ Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l’article Jésuites ; et la septième des Lettres à Son Altesse Monseigneur le prince de ***.