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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

rigé Baronius, et a eu pension du clergé pour cet ouvrage. Mort en 1699.

Papin (Isaac), né à Blois en 1657, calviniste. Ayant quitté sa religion, il écrivit contre elle. Mort en 1709.

Pardies (Ignace-Gaston), jésuite, né à Pau en 1636, connu par ses Éléments de géométrie, et par son livre sur l’Âme des bêtes[1]. Prétendre avec Descartes que les animaux sont de pures machines privées du sentiment dont ils ont les organes, c’est démentir l’expérience et insulter la nature. Avancer qu’un esprit pur les anime, c’est dire ce qu’on ne peut prouver. Reconnaître que les animaux sont doués de sensations et de mémoire, sans savoir comment cela s’opère, ce serait parler en sage qui sait que l’ignorance vaut mieux que l’erreur : car quel est l’ouvrage de la nature dont on connaisse les premiers principes ? Mort en 1673.

Parent (Antoine), né à Paris en 1666, bon mathématicien. Il est encore un de ceux qui apprirent la géométrie sans maître. Ce qu’il y a de plus singulier de lui, c’est qu’il vécut longtemps à Paris, libre et heureux, avec moins de deux cents livres de rente. Mort en 1716.

Pascal (Blaise), fils du premier intendant qu’il y eut à Rouen, né en 1623, génie prématuré. Il voulut se servir de la supériorité de ce génie comme les rois de leur puissance ; il crut tout soumettre et tout abaisser par la force. Ce qui a le plus révolté certains lecteurs dans ses Pensées[2], c’est l’air despotique et méprisant dont il débute. Il ne fallait commencer que par avoir raison. Au reste, la langue et l’éloquence lui doivent beaucoup. Les ennemis de Pascal et d’Arnauld firent supprimer leurs éloges dans le livre des Hommes illustres de Perrault. Sur quoi on cita ce passage de Tacite (Ann., III, 76) : « Præfulgebant Cassius atque Brutus eo ipso quod effigies eorum non visebantur. » Mort en 1662.

Patin (Guy), né à Houdan en 1601, médecin plus fameux par ses Lettres médisantes que par sa médecine. Son recueil de Lettres a été lu avec avidité, parce qu’elles contiennent des nouvelles et des anecdotes que tout le monde aime, et des satires qu’on aime davantage. Il sert à faire voir combien les auteurs contemporains qui écrivent précipitamment les nouvelles du jour sont des guides infidèles pour l’histoire. Ces nouvelles se trouvent souvent fausses

  1. L’ouvrage de Pardies parut à Paris en 1672, in-12, sous le titre de Discours sur la connaissance des bêtes. Le petit volume intitulé de l’Âme des bêtes, Lyon, 1766, est de A. Dilli, prêtre d’Embrun. (Cl.)
  2. Voyez, dans les Mélanges, les Remarques et les Dernières Remarques de Voltaire sur les Pensées de Pascal.