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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

Paris, inventeur des journaux[1]. Bayle perfectionna ce genre, déshonoré ensuite par quelques journaux que publièrent à l’envi des libraires avides, et que des écrivains obscurs remplirent d’extraits infidèles, d’inepties, et de mensonges. Enfin on est parvenu jusqu’à faire un trafic public d’éloges et de censures, surtout dans des feuilles périodiques ; et la littérature a éprouvé le plus grand avilissement par ces infâmes manèges. Mort en 1669.

Sandras. Voyez Courtilz.

Sanlecque (Louis), né à Paris en 1650[2], chanoine régulier, poëte qui a fait quelques jolis vers. C’est un des effets du siècle de Louis XIV que le nombre prodigieux de poëtes médiocres dans lesquels on trouve des vers heureux. La plupart de ces vers appartiennent au temps, et non au génie. Mort en 1714.

Sanson (Nicolas), né à Abbeville en 1600 ; le père de la géographie, avant Guillaume Delisle. Mort en 1667. Ses deux fils[3] héritèrent de son mérite.

Santeul (Jean-Baptiste), né à Paris en 1630. Il passe pour excellent poëte latin, si on peut l’être, et ne pouvait faire des vers français. Ses hymnes sont chantées dans l’Église. Comme je n’ai point vécu chez Mécène entre Horace et Virgile, j’ignore si ces hymnes sont aussi bonnes qu’on le dit ; si, par exemple, Orbis redemptor, nunc redemptus n’est pas un jeu de mots puéril. Je me défie beaucoup des vers modernes latins. Mort en 1697.

Sarasin (Jean-François), né près de Caen[4] en 1603, a écrit agréablement en prose et en vers. Mort en 1654.

Saumaise (Claude), né en Bourgogne en 1588, retiré à Leyde pour être plus libre, homme d’une érudition immense. On prétend que le cardinal de Richelieu lui offrit une pension de douze mille francs pour revenir en France, à condition qu’il écrirait à la gloire de ce ministre, et même qu’il écrirait sa vie ; mais Saumaise aimait trop la liberté, et haïssait trop celui qu’il regardait comme le plus grand ennemi de cette même liberté, pour accepter ses offres. Le roi d’Angleterre Charles II l’engagea à composer le Cri du sang royal contre les parricides de Charles Ier. Le livre[5]

  1. L’article Sallo est de 1751. Voltaire avait déjà nommé Th. Renaudot (voyez son article) premier auteur des gazettes en France. Le Journal des savants, commencé par Sallo, ne date que de 1665. (B.)
  2. En 1652.
  3. Guillaume, mort le 15 mai 1703 ; Adrien, mort le 7 septembre 1718.
  4. À Hermanville.
  5. L’ouvrage de Saumaise est intitulé Defensio regia, pro Carolo primo 1649, in-4o.