celle de l’État, avait commencé à rendre la France formidable au dehors, sans avoir encore pu la rendre bien florissante au dedans. Les grands chemins n’étaient ni réparés ni gardés ; les brigands les infestaient ; les rues de Paris, étroites, mal pavées, et couvertes d’immondices dégoûtantes, étaient remplies de voleurs. On voit, par les registres du parlement, que le guet de cette ville était réduit alors à quarante-cinq hommes mal payés, et qui même ne servaient pas.
Depuis la mort de François II, la France avait été toujours ou déchirée par des guerres civiles, ou troublée par des factions. Jamais le joug n’avait été porté d’une manière paisible et volontaire. Les seigneurs avaient été élevés dans les conspirations ; c’était l’art de la cour, comme celui de plaire au souverain l’a été depuis.
Cet esprit de discorde et de faction avait passé de la cour jusqu’aux moindres villes, et possédait toutes les communautés du royaume : on se disputait tout, parce qu’il n’y avait rien de réglé ; il n’y avait pas jusqu’aux paroisses de Paris qui n’en vinssent aux mains ; les processions se battaient les unes contre les autres pour l’honneur de leurs bannières. On avait vu souvent les chanoines de Notre-Dame aux prises avec ceux de la Sainte-Chapelle : le parlement et la chambre des comptes s’étaient battus pour le
valeur réelle des monnaies, et dans tout ce qui a rapport au commerce, toute obscurité, toute complication est un avantage accordé au petit nombre sur le plus grand. On pourrait joindre à l’empreinte, sur chaque monnaie, un nombre qui exprimerait son poids, et sur celles d’argent (voyez no 1), sa valeur numéraire ;
3o à faire les monnaies d’un métal pur : 1o parce que c’est un moyen de faciliter la connaissance du rapport de leur valeur avec celui des monnaies étrangères, et de procurer à sa monnaie la préférence dans le commerce sur toutes les autres ; 2o parce que c’est le seul moyen de parvenir à l’uniformité du titre des monnaies entre les différentes nations, uniformité qui serait d’un grand avantage. L’uniformité, dans un seul État, s’établit par la loi ; elle ne peut s’établir entre plusieurs que lorsque la loi ne s’appuie que sur la nature, et ne fixe rien d’arbitraire ;
4o À ne prendre de profit sur les monnaies que ce qui est nécessaire pour faire la dépense de leur fabrique. Cette fabrique a deux parties : les opérations nécessaires pour préparer le métal à un titre donné, et celles qui réduisent le métal en pièces de monnaie. Ainsi on rendrait, pour cent marcs d’argent en lingots, cent marcs d’argent monnayé, moins le prix de l’essai et celui de leur conversion en monnaie. On rendrait pour cent marcs d’argent allié à un centième quatre-vingt, dix-neuf marcs d’argent monnayé, moins les frais nécessaires pour l’affiner et le réduire ensuite en monnaie.
Ces moyens très-simples auraient l’avantage de rendre si clair tout ce qui regarde le commerce des matières d’or et d’argent, et la monnaie, que les mauvaises lois sur ce commerce, et les opérations pernicieuses sur les monnaies, deviendraient absolument impossibles. (K.)