cavalerie était en possession. Les maximes nouvelles dans le gouvernement inspiraient un nouveau courage.
Le roi, entre un chef et un ministre également habiles, tous deux jaloux l’un de l’autre, et cependant ne l’en servant que mieux, suivi des meilleures troupes de l’Europe, enfin ligué de nouveau avec le Portugal, attaquait avec tous ses avantages une province mal défendue d’un royaume ruiné et déchiré. Il n’avait à faire qu’à sa belle-mère, femme faible, gouvernée par un jésuite[1], dont l’administration méprisée et malheureuse laissait la monarchie espagnole sans défense. Le roi de France avait tout ce qui manquait à l’Espagne.
L’art d’attaquer les places n’était pas encore perfectionné comme aujourd’hui, parce que celui de les bien fortifier et de les bien défendre était plus ignoré. Les frontières de la Flandre espagnole étaient presque sans fortifications et sans garnisons.
Louis n’eut qu’à se présenter devant elles. (Juin 1667) Il entra dans Charleroi comme dans Paris ; Ath, Tournai furent prises en deux jours ; Furnes, Armentières, Courtrai, ne tinrent pas davantage. Il descendit dans la tranchée devant Douai, qui se rendit le lendemain (6 juillet). Lille, la plus florissante ville de ces pays, la seule bien fortifiée, et qui avait une garnison de six mille hommes, capitula (27 août) après neuf jours de siège. Les Espagnols n’avaient que huit mille hommes à opposer à l’armée victorieuse ; encore l’arrière-garde de cette petite armée fut-elle taillée en pièces (31 août) par le marquis depuis maréchal de Créquy. Le reste se cacha sous Bruxelles et sous Mons, laissant le roi vaincre sans combattre.
Cette campagne, faite au milieu de la plus grande abondance, parmi des succès si faciles, parut le voyage d’une cour. La bonne chère, le luxe, et les plaisirs, s’introduisirent alors dans les armées, dans le temps même que la discipline s’affermissait. Les officiers faisaient le devoir militaire beaucoup plus exactement, mais avec des commodités plus recherchées. Le maréchal de Turenne n’avait eu longtemps que des assiettes de fer en campagne. Le marquis d’Humières fut le premier, au siège d’Arras[2], en 1658, qui se fit servir en vaisselle d’argent à la tranchée, et qui y fit manger des ragoûts et des entremets. Mais dans cette