perfection de l’art du comédien, perfection très-rare, et qui n’appartint qu’à lui. Cet art demande tous les dons de la nature, une grande intelligence, un travail assidu, une mémoire imperturbable, et surtout cet art si rare de se transformer en la personne qu’on représente. Voilà pourtant ce qu’on s’obstine à mépriser. Les prédicateurs venaient souvent à la comédie dans une loge grillée étudier Baron, et de là ils allaient déclamer contre la comédie. C’est la coutume que les confesseurs exigent des comédiens mourants qu’ils renoncent à leur profession. Baron avait quitté le théâtre en 1691, par dégoût. Il y avait remonté en 1720, à l’âge de soixante-huit ans, et il y fut encore admiré jusqu’en l’année 1729. Il était alors âgé de près de soixante et dix-huit ans : il se retira encore, et mourut la même année, en protestant qu’il n’avait jamais eu le moindre scrupule d’avoir déclamé devant le public les chefs-d’œuvre de génie et de morale des grands auteurs de la nation ; et que rien n’est plus impertinent que d’attacher de la honte à réciter ce qu’il est glorieux de composer.
Basnage (Jacques), né à Rouen en 1653. Calviniste, pasteur à la Haye, plus propre à être ministre d’État que d’une paroisse. De tous ses livres, son Histoire des Juifs, celle des Provinces-Unies, et de l’Église, sont les plus estimés. Les livres sur les affaires du temps meurent avec les affaires ; les ouvrages d’une utilité générale subsistent. Mort en 1723.
Basnage de Beauval (Henri), de Rouen, frère du précédent, avocat en Hollande, mais encore plus philosophe, qui a écrit de la Tolérance des Religions. Il était laborieux, et nous avons de lui le Dictionnaire de Furetière augmenté. Mort en 1710.
Bassompierre (François, maréchal de). Quoique ses Mémoires[1] appartiennent au siècle précédent, on peut le compter dans cette liste, étant mort en 1646.
Baudrand (Michel-Antoine), né à Paris en 1633, géographe, moins estimé que Sanson. Mort en 1700.
Bayle[2] (Pierre), né au Carlat dans le comté de Foix, en 1647, retiré en Hollande plutôt comme philosophe que comme calviniste,
- ↑ Les Mémoires de Bassompierre, avec une suite jusqu’alors inédite, sont imprimés aux tomes XIX-XXI de la deuxième série de la Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, par Petitot et M. Monmerqué. (B.)
— La plus récente édition est celle publiée pour la Société de l’Histoire de France par M. le marquis de Chantérac, 4 vol. in-8o, 1870-1877.
- ↑ Bayle a un autre article dans les Questions sur l’Encyclopédie, et dans la septième des Lettres à Son Altesse Sérénissime le prince de ***. Voltaire en reparle encore dans l’article Renaudot. (B.)