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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

voulu continuer son Dictionnaire ; mais on n’a pu l’imiter[1]. Les continuateurs ont cru qu’il ne s’agissait que de compiler. Il fallait avoir le génie et la dialectique de Bayle pour oser travailler dans le même genre.

Beaumont de Péréfixe (Hardouin), précepteur de Louis XIV, archevêque de Paris. Son Histoire de Henri IV, qui n’est qu’un abrégé, fait aimer ce grand prince, et est propre à former un bon roi. Il la composa pour son élève. On crut que Mézerai y avait eu part ; en effet, il s’y trouve beaucoup de ses manières de parler ; mais Mézerai n’avait pas ce style touchant et digne, en plusieurs endroits, du prince dont Péréfixe écrivait la vie, et de celui à qui il l’adressait. Les excellents conseils qui s’y trouvent pour gouverner par soi-même ne furent insérés que dans la seconde édition, après la mort du cardinal Mazarin. On apprend d’ailleurs à connaître Henri IV beaucoup plus dans cette histoire que dans celle de Daniel, écrite un peu sèchement, et où il est trop parlé du P. Coton, et trop peu des grandes qualités de Henri IV, et des particularités de la vie de ce bon roi. Péréfixe émeut tout cœur né sensible, et fait adorer la mémoire de ce prince, dont les faiblesses n’étaient que celles d’un homme aimable, et dont les vertus étaient celles d’un grand homme. Mort en 1670.

Beausobre (Isaac de), né à Niort en 1659, d’une maison distinguée dans la profession des armes, l’un de ceux qui ont fait honneur à leur patrie qu’ils ont été forcés d’abandonner. Son Histoire du Manichéisme est un des livres les plus profonds, les plus curieux, et les mieux faits. On y développe cette religion philosophique de Manès, qui était la suite des dogmes de l’ancien Zoroastre et de l’ancien Hermès ; religion qui séduisit longtemps saint Augustin. Cette histoire est enrichie de connaissances de l’antiquité ; mais enfin ce n’est (comme tant d’autres livres moins bons) qu’un recueil des erreurs humaines. Mort à Berlin en 1738.

Benserade (Isaac de), né en Normandie en 1612. Sa petite maison de Gentilly, où il se retira sur la fin de sa vie, était remplie d’inscriptions en vers, qui valaient bien ses autres ouvrages ; c’est dommage qu’on ne les ait pas recueillies. Mort en 1691.

Bergier (Nicolas) a eu le titre d’historiographe de France ; mais il est plus connu par sa curieuse Histoire des grands chemins de

  1. J.-G. de Chaufepié, dont Voltaire a parlé à l’article Dictionnaire dans le Dictionnaire philosophique est auteur du Nouveau Dictionnaire historique et critique, pour servir de supplément ou de continuation au Dictionnaire de M. P. Bayle, 1750, quatre volumes in-folio. (B.)