de courage. Les plus faibles imploraient donc, pour être souverains dans l’Inde, la protection des marchands venus de France et d’Angleterre, qui pouvaient leur fournir quelques soldats et quelques officiers d’Europe. C’est dans ces occasions qu’un simple capitaine pouvait quelquefois faire une plus grande fortune dans ces pays qu’aucun général parmi nous.
Pendant que les princes de la presqu’île se battaient entre eux, on a vu que ces marchands anglais et français se battaient aussi, parce que leurs rois étaient ennemis en Europe.
Après la paix de 1748, le gouverneur Dupleix conserva le peu de troupes qu’il avait, tant les soldats d’Europe qu’on appelle blancs, que les noirs des îles transplantés dans l’Inde, et les cipayes et pions indiens.
Un des sous-tyrans de ces contrées, nommé Chandasaeb[1], aventurier arabe né dans le désert qui est au sud-est de Jérusalem, transplanté dans l’Inde pour y faire fortune, était devenu gendre d’un nabab d’Arcate. Cet Arabe assassina son beau-père, son frère et son neveu. Ayant éprouvé des revers peu proportionnés à ses crimes, il eut recours au gouverneur Dupleix pour obtenir la nababie d’Arcate, dont dépend Pondichéry. Dupleix lui prêta d’abord secrètement dix mille louis d’or qui, joints aux débris de la fortune de ce scélérat, lui valurent cette vice-royauté d’Arcate. Son argent et ses intrigues lui obtinrent le diplôme de vice-roi d’Arcate. Dès qu’il est en possession, Dupleix lui prête des troupes[2]. Il combat avec ces troupes réunies aux siennes le véritable vice-roi d’Arcate. C’était ce même Anaverdikan, âgé de cent sept ans, dont nous avons déjà parlé[3] qui fut assassiné à la tête de son armée[4].
Le vainqueur Chandasaeb, devenu possesseur des trésors du mort, distribua la valeur de deux cent mille francs aux soldats de Pondichéry, combla les officiers de présents, et fit ensuite une donation de trente-cinq aldées à la compagnie des Indes. Aldée signifie village ; c’est encore le terme dont on se sert en Espagne depuis l’invasion des Arabes, qui dominèrent également dans
- ↑ Ou mieux, Chunda-Saëb. (G. A.)
- ↑ Tout cela est peu clair. Chunda-Saëb était prisonnier à Pounah. Dupleix lui avança la somme nécessaire pour sa rançon. Libre, Chunda-Saëb se mit à la tête de trois mille Maharattes et tint campagne dans la nababie qu’il réclamait, et que lui promit Muzafer-Singb, lequel disputait à son oncle Nazer-Singh la soubahbie du Dekkan. Dupleix se joignit à eux.
- ↑ Voyez page 327.
- ↑ Il ne fut pas assassiné. Voyez au chapitre xxix.