Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même le droit de punir les prêtres dont le zèle scandaleux pourrait faire naître des semences de schisme. Il défendit, par un arrêt de son conseil d’État, que ses sujets se donnassent les uns aux autres les noms de novateurs, de jansénistes, et de semi-pélagiens : c’était ordonner à des fous d’être sages.

Les curés de Paris, excités par l’archevêque, présentèrent une requête au roi en faveur des billets de confession. Sur-le-champ le parlement décréta le curé de Saint-Jean-en-Grève, qui avait formé la requête. Le roi cassa encore cette procédure de justice ; le parlement cessa encore ses fonctions ; il continua à faire des remontrances, et le roi persista à exhorter les deux partis à la paix. Ses soins furent inutiles.

Une lettre de l’évêque de Marseille, dénoncée au parlement, fut brûlée par la main du bourreau ; un écrit de l’évêque d’Amiens, condamné. Le clergé étant assemblé pour lors à Paris, comme il s’assemble tous les cinq ans pour payer au roi ses subsides, résolut de lui aller porter ses plaintes en habits pontificaux ; mais le roi ne voulut point de cette cérémonie extraordinaire.

(Auguste 1752) D’un autre côté le parlement condamna un porte-dieu à l’amende, à demander pardon à genoux, et à être admonété ; et un vicaire de paroisse, au bannissement. Le roi cassa encore cet arrêt.

Les affaires de cette espèce se multiplièrent. Le roi recommanda toujours la paix, sans que les ecclésiastiques cessassent de refuser les sacrements, et sans que le parlement cessât de procéder contre eux.

Enfin le roi permit aux parlements de juger des sacrements, en cas qu’il y eût un procès à leur sujet ; mais il leur défendit de chercher à juger lorsqu’il n’y aurait pas de parties plaignantes. (Novembre) Le parlement reprit une seconde fois ses fonctions, et les plaideurs, qu’on avait négligés pour ces affaires, eurent la liberté de se ruiner à l’ordinaire.

(Décembre) Le feu couvait toujours sous la cendre. L’archevêque avait ordonné de refuser le sacrement à deux pauvres vieilles religieuses de Sainte-Agathe, qui, ayant entendu dire autrefois à leur directeur que la bulle Unigenitus est un ouvrage diabolique, craignaient d’être damnées si elles recevaient cette bulle en mourant ; elles craignaient d’être damnées aussi en manquant d’extrême-onction. Le parlement envoya son greffier à l’archevêque pour le prier de ne pas refuser à ces deux filles les secours ordinaires, et le prélat ayant répondu selon sa coutume qu’il ne