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CHAPITRE XVIII.


L’ordre des cérémonies a changé en France comme tout le reste. À l’entrée du roi Louis XII, les processions des paroisses marchèrent les premières, celles des quatre ordres mendiants les secondes ; elles furent suivies de la chambre des comptes, ensuite parut l’Hôtel de Ville ; il fut suivi du Châtelet ; après le Châtelet venait le parlement en robes rouges ; les chevaliers de l’hôtel du roi et deux cents hommes d’armes suivaient à cheval, et le prévôt de Paris à cheval avec douze gardes fermait la marche. L’université ne parut point ; elle attendit le roi à la porte de Notre-Dame.

Le cérémonial observé à l’entrée de François Ier fut tout différent ; et il y eut encore des changements à celles de Henri II et de Charles IX, tant l’inconstance a régné dans les petites choses comme dans les grandes, et dans la forme de l’appareil comme dans la forme du gouvernement.

(1537) Le parlement fit une nouvelle cérémonie à laquelle on ne pouvait donner un autre nom : ce fut de condamner juridiquement l’empereur Charles-Quint. Il faisait toujours la guerre à François Ier, et l’accusait devant toute l’Europe d’avoir violé sa parole, et d’avoir appelé les Turcs en Italie. Le roi le fit ajourner comme son vassal pour les comtés de Flandre et d’Artois. Il faut être bien sûr d’être le maître chez soi pour faire de telles procédures. Il oubliait que dans le traité de Madrid il avait racheté sa liberté par la cession de toutes ses prétentions sur ces fiefs.

Il vint donc au parlement avec les princes et les pairs ; l’avocat général Cappel fit un réquisitoire contre Charles-Quint. On rendit arrêt par lequel on citerait Charles, empereur, à son de trompe sur la frontière ; et l’empereur n’ayant pas répondu, le parlement confisqua la Flandre, l’Artois et le Charolois, dont l’empereur resta le maître[1].

  1. Deux ans après, ce même parlement complimenta ce même empereur, et tint séance sous la présidence de Charles-Quint ; voyez, tome XIII, les Annales de l’Empire, année 1739.