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AVERTISSEMENT


DE BEUCHOT.




Aussitôt que le Siècle de Louis XIV eut paru, La Beaumelle en commença la critique[1]. Une édition fut mise au jour sous ce titre : Le Siècle de Louis XIV par M. de Voltaire, nouvelle édition, augmentée d’un très-grand nombre de remarques par M. de La B*** ; Francfort, chez la veuve Knoch et J.-G. Eslinger, 1733, trois volumes petit in-8o[2]. En tête du premier volume sont des Conseils à l’auteur du Siècle de Louis XIV, divisés en trois lettres.

La Beaumelle prétendit que c’était contre les conventions faites avec Eslinger que ce libraire avait mis sur les frontispices ces mots : Par M. de La B*** ; que les notes du premier volume étaient les seules qui fussent de lui ; que les autres étaient d’un chevalier de Mainvillers.

Dans le second volume, page 348, chapitre xxvi (aujourd’hui chapitre xxvii, voyez tome XIV, page 478), l’annotateur avait, à l’occasion de la mort de plusieurs membres de la famille royale, ajouté une note injurieuse pour la mémoire du duc d’Orléans, le régent. La Beaumelle, étant revenu à Paris, fut arrêté le 24 avril 1733. On avait trouvé chez lui huit exemplaires de l’édition de Francfort du Siècle de Louis XIV. La Beaumelle fut conduit à la Bastille, où il resta près de six mois[3].
  1. Avertissement du libraire (probablement de La Beaumelle lui-même), en tête de la Réponse au Supplément du Siècle de Louis XIV.
  2. En mai ou juin 1752, La Beaumelle avait fait imprimer à Gotha quatre feuilles de ses Remarques sur le Siècle de Louis XIV (voyez page 151 de la Réponse au Supplément), qu’il brûla cependant pour la comtesse de Bentink. Je ne sais si cette comtesse de Bentink est celle qui, après la mort de la duchesse de Saxe-Gotha, brûla, dit-on, la correspondance de Voltaire avec cette princesse.
  3. Voici ce qu’on lit dans les Mémoires historiques et authentiques sur la Bastille, tome II, page 330 : « Au mois d’avril 1753, on fut informé que La Beaumelle était revenu à Paris avec des exemplaires d’une nouvelle édition qu’il avait fait faire du Siècle de Louis XIV, de Voltaire, dans laquelle il avait inséré des notes critiques offensantes pour la maison d’Orléans... Au mois d’octobre de la même année, M. le duc d’Orléans lui pardonna, et il fut mis en liberté, avec un exil à cinquante lieues de Paris. »

    On trouve des détails sur la détention de La Beaumelle au tome II (page 231 et suiv.) de l’Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes, etc., par J. Delort. Paris, Firmin Didot, 1829, trois volumes in-8o.