qui avaient donné leurs démissions : on les leur rendit, ils reprirent leurs fonctions[1] ; mais ils demeurèrent très-aigris.
On rendit aussi au parlement de Rennes trois conseillers qu’on avait mis en prison ; et le parlement de Rennes ne fut que plus irrité.
Dès que le parlement parut tranquille, l’archevêque Beaumont ne le fut pas ; il renouvela toutes les querelles qui semblaient assoupies : refus de sacrements, interdictions de religieuses. Le roi ayant écrit précédemment au pape Benoît XIV pour le prier de lui donner les moyens d’apaiser les troubles, moyens très-difficiles à trouver, Beaumont avait écrit de son côté pour aigrir le pape. Il déplut également au roi et au pontife de Rome. Louis XV, accoutumé à l’exiler[2], l’envoya en Périgord. C’est ainsi que se termina l’année 1757[3].
[4]On sait tout ce qu’on reprochait depuis longtemps aux jésuites : ils étaient regardés en général comme fort habiles, fort riches, heureux dans leurs entreprises, et ennemis de la nation : ils n’étaient rien de tout cela ; mais ils avaient violemment abusé de leur crédit quand ils en avaient eu. D’autres ordres étaient beaucoup plus opulents, mais ils n’avaient pas été intrigants et
- ↑ 29 août 1757. (Note de Voltaire.)
- ↑ La première édition seule porte : Louis XV, qui ne savait qu’exiler ; voyez en effet, page 96, l’énumération de quelques exils. Dès la seconde édition de l’Histoire du Parlement, Voltaire mit : accoutumé à l’exiler. (B.)
- ↑ Dans les éditions de 1769 et 1770, le chapitre se terminait par l’alinéa que voici : « Toutes ces querelles tombèrent bientôt dans l’oubli, lorsque l’expulsion des jésuites occupa tout le royaume. »
Cet alinéa, supprimé dans l’édition encadrée de 1775, fut rétabli en 1777, dans le tome XXVII de l’édition in-4°. Il n’avait pas été conservé par les éditeurs de Kehl. (B.)
- ↑
Ce chapitre, qui dans la première édition était le LXVIIe, commençait alors ainsi :
« Pour connaître un peu l’esprit des jésuites, ou plutôt celui de presque tous les moines, je commencerai par rapporter ce qui leur arriva dans le ressort du