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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.


récit d’Oléarius sur l’ambassade et l’exil de Talleyrand. Or, de ces deux circonstances, l’exil n’est contesté ni par Voltaire ni par personne. La difficulté réelle porte uniquement sur le titre d’ambassadeur du roi de France, donné par Oléarius à Talleyrand. Ce titre ayant encore été donné à Talleyrand, dans un article d’un journal français, du 29 mars 1827, le prince russe A. Labanoff publia une Lettre à M. le rédacteur du Globe, au sujet de la prétendue ambassade en Russie de Charles de Talleyrand, Paris, F. Didot, in-8° ; seconde édition, augmentée d’un post-scriptum, contenant une Lettre de Louis XIII, 1828, in-8°. Le prince Labanoff appuie l’opinion de Voltaire, et réfute celle de Levesque. La question de l’ambassade est tranchée par la lettre de Louis XIII, du 3 mars 1635, adressée à l’empereur et grand-duc Michel Fœdorovitz. Le roi de France réclame Talleyrand comme son sujet, mais dit qu’il était arrivé à Moscou de la part de Belhlem Gabor. C’était donc de Bethlem Gabor (prince de Transylvanie, comme le dit le prince Labanoff), et non du roi de France, que Talleyrand tenait sa mission ou ambassade.

La lettre de Louis XIII avait été publiée, en 1782, avec des Éclaircissements, par G.-F. Muller, dans le tome XVI du Magasin pour l’histoire et la géographie, par Busching ; l’article est intitulé Éclaircissements sur une lettre du roi de France Louis XIII, etc. Ces Éclaircissements, publiés peu avant la mort de Muller, mais quatre ans après celle de Voltaire, qui ne pouvait ni en profiter ni y répondre, ont dû cependant être écrits en 1763, puisque Muller parle du tome second de l’Histoire de Russie, comme venant de paraître. L’humeur contre Voltaire perce à chaque phrase, et va (page 351) jusqu’à reprocher à Voltaire de répéter la fable du chapeau cloué sur la tête d’un ambassadeur. Lorsque Voltaire parla, en 1739 (voyez pages 420-421), du chapeau cloué, ce fut comme d’un conte ; lorsqu’il en parla en 1763 (voyez page 391], ce fut comme d’un mensonge. Je ne prétends pas que Voltaire soit infaillible ; mais on voit que parfois ses détracteurs sont bien injustes.

La première partie de l’Histoire de Russie avait dix-neuf chapitres ; la seconde n’en a que seize, mais ils sont suivis de Pièces justificatives concernant cette histoire.

Une critique de la seconde partie se trouve dans le recueil allemand de Busching, ayant pour titre : Pièces et Nouvelles littéraires de la Russie, 1764.

Au chapitre iii de la seconde partie (voyez page 535). Voltaire cite, sans le nommer, un ministre dont on a imprimé des Mémoires sur la cour de Russie. Ce ministre doit être Weber, ambassadeur ou envoyé de Saxe. C’est du moins à ce Weber que Mylius (Bibl. anonymorum, n° 846, page 147, et n° 2370, page 302) attribue un ouvrage allemand, publié en 1721, in-4°, dont il existe deux traductions françaises : l’une sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire de l’empire russien, sous le règne de Pierre le Grand, La Haye, 1725, in-12 ; l’autre intitulée Nouveaux Mémoires sur l’état présent de la Grande-Russie ou Moscovie, Paris, 2 volumes in-12.

Palissot, qui a donné une édition peu estimée des Œuvres choisies de Voltaire en 55 volumes in-8°, a ajouté à l’Histoire de l’empire de Russie